Affaire Masset : un procès attendu

Jacques Masset, un psychanalyste de 70 ans va être jugé par le tribunal correctionnel d’Albertville pour abus frauduleux de l’état de faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique. Ce procès vient au terme de plusieurs années d’instruction. Les plaintes reçues par l’ADFI Deux-Savoie Isère, dont les premières remontent à 2009, mettaient en cause le comportement de « gourou » de ce pseudo-thérapeute qui aurait profité de l’extrême vulnérabilité de ses victimes au moment des faits. Durant l’instruction, 72 victimes ont été identifiées. Dix-sept se sont constituées parties civiles. A leur côté, l’UNADFI s’est également constituée partie civile.

Sans diplôme ni formation et profitant d’un vide juridique sur la profession de psychothérapeute, cet agent de la mairie d’Annecy s’est installé comme psychanalyste, dans les années 1990, d’abord à Ugine (Savoie) dans un premier temps puis à Cuers (Var), dans un second.

Durant des années, ce prétendu thérapeute est parvenu à faire croire à ses patients qu’ils régleraient leurs problèmes psychologiques en participant à des orgies ou à des séances de sadomasochisme.
Il prétendait que ces séances les empêcheraient de tomber dans la prostitution…Jacques Masset mettait en contact ses patients pour mettre en pratique les « soins » prescrits qu’il se faisait raconter en séance quand il ne les prodiguait pas lui-même.
Il exigeait que ces rapports sexuels soient non protégés et réalisés hors du couple. Il serait ainsi parvenu à gagner jusqu’à 10.000 euros par mois.
Me Roselyne Duvouldy, avocate des parties civiles, a affirmé que « pour certains patients, ça a dérivé en torture », ajoutant qu’ils pouvaient avoir jusqu’à dix rapports par jour.

Jacques Masset a également induit de faux souvenirs d’inceste chez ses victimes provoquant des dommages collatéraux dans les familles concernées par ces fausses allégations. D’autre part, il dispensait des formations pour permettre à ses patients de devenir psychothérapeutes dans le cadre de son entreprise, la Société Française des Analystes Praticiens Jungiens (SARL SFAPJ).
En infraction de son contrôle judiciaire, Jacques Masset s’est installé en Suisse en 2010 où il a réouvert un cabinet. Arrêté en avril 2015, il a été placé en détention provisoire.

Expliquant que « certains patients ont été satisfaits de la thérapie », son avocat a précisé que le « thérapeute » reconnaissait les faits mais pas les infractions car « pour qu’il y ait une infraction, il fallait qu’il y ait conscience de la commettre ».

Initialement programmé du 21 au 23 octobre, le procès se déroulera du 16 au 18 décembre 2015. A la demande des parties civiles, les débats devraient se tenir à huis clos. Jacques Masset encourt jusqu’à cinq ans de prison et 750.000 euros d’amende.

(Sources : 20 minutes, 19.10.2015 & Communiqué de presse de l’UNADFI, 19.10.2015 & LCI, 21.10.2015)