Les thérapies alternatives évaluées par deux chercheurs

L’OMS en recense 400, 40% des français y ont recours. Alors que les médecines douces suscitent de plus en plus d’intérêt, deux chercheurs ont passé en revue des milliers de publications scientifiques concernant les thérapies non conventionnelles : le professeur Edzard Ernst qui a occupé jusqu’en 2011, à l’université d’Exeter, la première chaire de médecine alternative créée au monde et Simon Singh, titulaire d’un doctorat en physique des particules. Ils sont arrivés à la conclusion qu’elles étaient (presque) toutes inutiles. Ils ont fait paraître les résultats de leurs recherches dans un livre intitulé Médecines douces : info ou intox ?
 

Quand le professeur Ernst a démarré ses travaux, son « but n’était ni de promouvoir les thérapies alternatives ni de les combattre mais seulement d’évaluer leur validité, d’établir les faits scientifiquement ». Les deux chercheurs ont réalisé une méta-analyse(1) de l’acupuncture, de l’homéopathie, de la chiropraxie et de la phytothérapie et passé en revue une trentaine d’autres.
 

Les deux chercheurs donnent les conclusions de leurs travaux sur quelques-unes des thérapies étudiées. En voici quatre exemples :

• Un complément alimentaire en vogue : le cartilagede requin, probablement nocif pour le poisson « donateur », et inefficace pour ses consommateurs.

• La désintoxication proposée dans les « cures de détox » permet plus d’extorquer de l’argent que d’apporter un réel bénéfice à ses adeptes.

• L’hydrothérapie du côlon en plus d’être désagréable est inefficace et dangereuse.
• Les séances d’ostéopathie pour soigner le mal de dos sont efficaces, mais la kinésithérapie aussi !

Concernant l’acupuncture, le professeur Ernst souhaiterait que « ceux qui affirment l’existence des méridiens au d’autres mécanismes d’action en apportent la dé-monstration ». Les études montrent des bénéfices pour soulager douleurs et nausées. C’est quasiment tout.
 

La phytothérapie trouve davantage grâce à ses yeux mais Edzard Ernst explique que ce n’est pas étonnant puisque « plus de la moitié des médicaments actuels proviennent des plantes ». Il attire cependant l’attention sur le fait que le principe actif tiré des végétaux est plus efficace que la plante elle-même.
 

Le professeur Ernst est opposé l’intégration des thérapies alternatives dans les hôpitaux si leur effet n’est pas supérieur à un placebo. Il n’est pas non plus favorable au remboursement par l’assurance maladie de l’homéopathie car ce n’est pas une médecine fondée sur les preuves.
 

(1) Une étude de la totalité des publications

(Source : Le Point, 05.06.2014)