Vingt-cinquième anniversaire du drame de Waco

Vingt-cinq ans après le siège de la secte des davidiens à Waco, qui s’est terminé par la mort de près de 80 personnes, le Waco Tribune Herald a décidé de rendre accessible sur son site internet1 près de 400 articles publiés au moment du siège, dont la série « The sinful Messiah » lauréat du prix Pulitzer.

Deux documentaires ont été diffusés. L’un d’eux présente pour la première fois Larry Gilbreath, à l’origine de l’intervention des forces de l’ordre au Mont Carmel, siège des davidiens. Intitulé « Secret of Waco »2, le reportage raconte ce qui a conduit à l’impasse meurtrière. Convaincu qu’un jour, le gouvernement l’attaquerait, David Koresh avait décidé de rassembler un véritable arsenal militaire. Larry Gilbreath livrait des colis dont il ignorait le contenu au Mont Carmel. Peu à peu, les paquets sont devenus de plus en plus lourds et en février 1992, lorsqu’une boite de grenades s’est ouverte accidentellement, il a pris peur et s’est immédiatement rendu chez le shérif local. Une perquisition a été ordonnée et s’est terminée par la mort de 6 davidiens et de 4 de leurs agents. Ce fut l’événement déclencheur du siège mené pendant 51 jours par le FBI.
La parole est donnée à plusieurs ex adeptes qui expliquent combien les conditions de vie étaient pénibles au sein du groupe : maltraitance des enfants, violences sexuelles… Ils décrivent aussi la paranoïa grandissante de David Koresh qui n’avait de cesse de se préparer à l’imminence de l’apocalypse.

Un second documentaire, Truth and lies : Waco, livre lui aussi beaucoup de témoignages d’ex adeptes, adultes, mais aussi enfants au moment des faits.
David Bunds, un ex-adepte, a rencontré Koresh en 1981, bien avant qu’il ne devienne le leader du groupe. Selon sa description, il était « paumé », pauvre, un peu vagabond et conduisait une voiture donnée par Dieu selon ses dires.

Né en 1959, d’une mère adolescente, membre de l’Église des Adventistes du septième jour, Vernon Howel, prétendait que Dieu lui avait parlé quand il était enfant et avoir mémorisé l’Ancien et le Nouveau Testament à l’âge de 18 ans. Il est chassé de l’Église de sa mère pour mauvaise conduite. Il tente une carrière artistique en Californie, mais sans succès. En 1981 il rejoint les Branch davidians, une dissidence des Adventistes, fondée en 1934 par Victor Houteff. Rapidement il se retrouve sous la coupe de Lois Roden qui dirigeait le groupe avec son mari depuis 1955. A sa mort en 1986, son fils George lui succède, mais Koresh n’est pas d’accord et en 1987, il lance un assaut sur le Mont Carmel pour l’évincer. Il blesse George, mais sera acquitté de sa tentative de meurtre. Finalement il prend le contrôle de l’Eglise en 1990 et change son nom en David Koresh (de l’Hébreu Cyrus, ancien roi des perses) s’annonçant ainsi comme l’héritier du roi David. D’après d’anciens disciples, il se croyait réellement en mission pour Dieu. Pour asseoir son pouvoir, il isolait ses adeptes du monde, « lieu de perdition et de péchés », et les préparait à la fin du monde en leur enseignant le maniement des armes.
La vie au Mont Carmel était spartiate, les adeptes vivaient en autarcie, il n’y avait ni eau courante, ni chauffage ni électricité. Au cours des trois séances journalières d’étude biblique , David Koresh chantait et jouait de la guitare. Il contrôlait tout. Les femmes devaient porter de longues robes, mais ni bijoux ni maquillage. Les adeptes devaient demander l’autorisation de dormir et de manger. Le sucre, la farine transformée et les produits laitiers étaient interdits (le lait est indigne des adultes).

Sheila Martin, à l’époque membre du groupe avec son mari, explique que Koresh réprimandait les adeptes désobéissants en public. Joann Vaega, âgée de six ans au moment du raid, se rappelle avoir été frappée tous les jours pour la moindre faute. A tel point qu’elle pensait qu’elle était incapable de faire quoique ce soit de correct. L’une des vingt femmes de Koresh, Dana Okimoto, explique que les enfants étaient maintenus alignés pour être frappés avec une pagaie. Elle s’en veut encore d’avoir, poussée par Koresh, frappé son propre fils alors qu’il n’était qu’un bébé, au prétexte que c’était la volonté divine.

Bruce Perry, un autre ex adepte raconte comment Koresh séparait les familles. « Si Koresh pensait qu’une mère et un enfant avaient un lien plus étroit qu’entre lui et l’enfant, alors il confiait l’enfant à une autre femme. » Il imposait le célibat et défaisait les couples mariés pour s’approprier toutes les femmes, car « c’est lui qui avait l’autorité de donner la graine ». Il alla plus loin encore en épousant des mineurs ; la plus jeune, Sherri Jewell, était âgée de seulement dix ans.

Même s’il admet aujourd’hui que Koresh était un malade, un pervers et un pédophile, David Bunds ne réalisait pas à l’époque qu’il était dans une secte : « Le signe que l’on est dans une secte, c’est lorsque l’on commet des actes que l’on ne ferait pas en temps normal, comme abandonner son conjoint ou laisser ses enfants coucher avec des adultes. »

(Sources : Cbs News, 26.12.2017, Abc News, 02.01.2018, Rolling Stone, 04.01.2018 & Waco Tribune Herald, 17.01.2018)

1. http://www.wacotrib.com/news/branch_davidians/

2. Diffusé le 29 décembre 2017 sur CBS

À lire sur le site de l’Unadfi : Que sait-on de …? Des Davidiens (Branch Davidians) :
https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/davidians