Dominique Cowell, 61 ans, et son compagnon ont passé quinze ans de leur vie (de 1979 à 1995) aux côtés de Soyal Rinpoché. Durant cette période, elle a vu le développement de Rigpa, mais aussi les abus commis par Sogyal Rinpoché.
Après avoir flirté avec la drogue dans son adolescence, elle se tourne vers le yoga, rencontre des gourous et finit par s’intéresser au bouddhisme tibétain. Le bouche-à-oreille la conduit jusqu’à Montmartre, chez un lama qui parle anglais et dont « l’enseignement est très bien pour des occidentaux ».
Son rôle d’intendante lui a valu de faire partie du cercle intime de Rinpoché : elle accueille ses invités, gère ses repas, ses voyages et l’emploi du temps de ses petites amies…
Dominique était totalement accaparée par Rigpa. Elle enchaînait les pratiques spirituelles et domestiques, jusqu’à l’épuisement physique et mental. Rinpoché exerçait un tel contrôle sur elle et son compagnon qu’ils n’ont pris que très tardivement conscience de la gravité des faits auxquels ils ont parfois participé. Ils n’ont pas réagi quand ils ont vu Sogyal promener une femme nue en laisse, quand ils ont trouvé des vidéos phonographiques. « On a participé à la fabrication d’un monstre », admet Dominique.
A bout de nerf, elle quitte Rigpa avec son compagnon après une violente attaque de panique. Sogyal a tenté de reprendre le contrôle en l’humiliant, puis de la retenir en lui proposant de lui « donner [le centre de] Lerab Ling ».
Dominique n’a jamais laissé son travail dans l’immobilier. C’est ce qui l’a sauvée des griffes de Rinpoché. Il lui a fallu quinze ans pour se reconstruire. Depuis elle a entamé des démarches pour essayer de faire traduire en justice Rinpoché et Rigpa. Aujourd’hui, toujours aussi déterminée, elle a décidé d’adresser une lettre circonstanciée au procureur de la République de Montpellier.
(Source : Midi Libre, 20.08.2017)