Le dernier recensement de l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE), publié le 6 juin, révèle une progression plus lente que prévu du protestantisme au Brésil. Les évangéliques représentent désormais 26,9 % de la population, loin des 56,7 % de catholiques, malgré un recul de près de neuf points de ces derniers depuis 2010.
Longtemps considérée comme inexorable, l’ascension des Églises évangéliques marque le pas. Les prévisions qui annonçaient une bascule démographique en faveur des protestants dès 2032 semblent prématurées. Selon le démographe José Eustaquio Alves, ce seuil ne sera probablement atteint qu’en 2050. Les évangélistes représentent désormais 26,9 % de la population, soit 47,4 millions de fidèles, contre 21,7 % en 2010. Un gain de 5,2 points en douze ans, inférieur aux 6,5 points enregistrés entre 2000 et 2010. En face, l’Église catholique regroupe encore 56,7 % de la population, soit 100,2 millions de personnes, en forte baisse toutefois par rapport aux 65,1 % de 2010.
La géographie religieuse du pays est contrastée. En Amazonie, les évangéliques dépassent les catholiques dans des États comme l’Acre (44,4 % contre 38,9 %). À l’opposé, le Nordeste reste un bastion catholique, avec des pics à 77,4 % dans le Piauí, contre seulement 15,6 % d’évangéliques. Les fidèles évangéliques présentent un profil spécifique : 55,4 % sont des femmes (contre 51 % chez les catholiques), et 61,1 % sont Noirs ou métis (contre 53,3 % chez les catholiques). Fait notable, un autochtone brésilien sur trois (environ 33 %) se déclare évangélique.
Un constat : le monde évangélique apparaît de plus en plus fragmenté, confronté à des scandales internes et à un rejet de l’instrumentalisation politique, notamment liée à son soutien à l’ex-président Jair Bolsonaro. Certains fidèles s’éloignent, dénonçant la corruption de pasteurs et la prolifération de micro-églises opportunistes.
Autre enseignement marquant du recensement : la progression des personnes sans religion (9,3 %) et l’essor spectaculaire des cultes afro-brésiliens comme le candomblé et l’umbanda, qui triplent leur audience en dix ans. Une visibilité croissante rendue possible, selon les chercheurs, par les politiques inclusives et les luttes contre les discriminations religieuses.
(Source : Le Monde, 13.06.2025) A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Vertigineuse poussée évangélique : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/vertigineuse-poussee-evangelique/
