Une commission d’enquête donne la parole à des victimes de maltraitance

A Sydney, une commission d’enquête sur les abus sexuels sur mineurs a examiné le cas des victimes de Swami Akhandananda, maître yoga de l’ashram Satyananda à Mangrove Mountain (Nouvelle Galles du Sud), et de Shishy, « servante » du gourou. Neuf témoins ont révélé les violences subies dans les années 1970-1980 lorsqu’ils étaient enfants.


L’ashram a été créé en 1974 par Swami Akhandananda, disciple du guru indien Swami Satyananda Saraswati. Il était chargé de répandre le « message du yoga Satyananda » et ses enseignements selon lesquels il ne faut pas « encombrer les esprits avec ces plaisirs mondains que sont les rapports sexuels et l’alcool ». La pratique de l’abstinence, de la chasteté et de l’austérité devait donc être étroitement respectée.

Akhandananda vantait ses pouvoirs spirituels, il pouvait « lire dans l’âme d’une personne » et savoir exactement ce qui était bon pour elle.
Certains parents ont confié la tutelle de leurs enfants à Akhandananda et à Shishy, « servante » du gourou. Privés de leurs parents au sein de l’ashram, les enfants considéraient Akhandananda et Shishy comme leur père et leur mère. L’une des victimes, Alecia Buchanan, a expliqué à la commission comment elle fut placée dans l’ashram à l’âge de 13 ans. Sa mère pensait qu’il s’agissait d’un lieu idyllique où les enfants pouvaient s’épanouir. Mais la réalité était autre. Les journées démarraient à 4h30 le matin par des séances de yoga et de travail physique, et la nourriture végétarienne ne lui donnait pas l’énergie nécessaire pour les affronter.
En une dizaine d’années, les versements des pensions par les parents ont permis à l’ashram de devenir une riche organisation, bénéficiant également de l’exonération d’impôt accordée aux organismes de bienfaisance.

Pendant que le gourou prêchait la chasteté et l’abstinence, les enfants de Mangrove Mountain étaient agressés sexuellement et battus. En guise de méthode « contraceptive traditionnelle », il obligeait les jeunes filles à boire son urine.
Akhandananda a abusé de Shishy alors âgée de 16 ans pour favoriser sa « croissance spirituelle ». Il l’a mise sous son emprise en lui disant qu’elle était un être supérieur, une élue. Il en faisait sa complice, la chargeant de lui amener des jeunes filles pour leur « initiation sexuelle ». Elle giflait violemment les enfants tandis que lui, les frappait avec son « bâton kundalini ».

Parallèlement, dans le respect des enseignements du « yoga Satyananda », il encourageait les enfants à espionner leurs parents car le sexe entre adultes n’était pas autorisé… 
Dans le même temps, sur ses ordres, Shishy a abusé d’un mineur de 14 ans. Elle admet les maltraitances dont elle est accusée. Pour sa défense, elle a rappelé à la commission qu’elle était sincèrement amoureuse du jeune garçon avec qui elle a eu un enfant. Elle a néanmoins exprimé de sincères regrets ; elle est consciente d’avoir infligé aux enfants un traumatisme important alors qu’elle était profondément attachée à eux.
Akhandananda a été emprisonné en 1989 pour agressions sexuelles sur mineurs grâce au témoignage de Shishy. Elle s’est rendue en Inde, en vain, pour dénoncer les violences commises dans l’ashram. 

La condamnation d’Akhandananda a été annulée en 1991 pour dépassement du délai de prescription. Il a été libéré et est décédé six ans plus tard. 

(Sources : Daily Telegraph, 02.12.2014 & The West Australian, 05.12.2014 & The Guardian, 09.12.2014)