Un collectif alerte sur les dangers de certaines disciplines pseudo-scientifiques dans le domaine de la santé du nourrisson 

Le Collectif No FakeMed a publié une tribune1 dans le Figaro alertant sur la présence de thérapeutes sans formation médicale ait ces dernières années aisément pénétré le domaine du soin à la femme enceinte et au nouveau-né.

La tribune, s’adresse directement aux parents en leur assurant que les « troubles, inconforts et symptômes » du nouveau-né méritent un diagnostic prodigué par un professionnel du soin, quand bien même le diagnostic serait que « tout va bien ».

Le collectif alerte sur les professions de coach, formateur, énergéticien, naturopathe, doula, mais aussi ostéopathe et sur l’inutilité, au mieux, la nocivité au pire, des conseils prodigués par ces thérapeutes aux jeunes parents. Ils rappellent que ces conseils ou ces prescriptions ne reposent pas sur des savoirs, mais sur des croyances.

La tribune opère un zoom sur quatre tendances très globalement encouragées par les équipes médicales dans les maternités : le recours à l’ostéopathie, la section du frein de langue, l’utilisation d’huiles essentielles et des colliers d’ambre.

Selon le collectif, le recours à l’ostéopathe pour le nouveau-né et le nourrisson « doit absolument être banni ». Le décret du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie précise que les « manipulations du crâne, de la face et du rachis chez le nourrisson de moins de six mois » ne sont pas autorisées chez les ostéopathes.

Les auteurs de la tribune estiment que la section du frein de langue est effectuée bien trop systématiquement, et rappellent que ce « geste médical précoce » ne garantit pas l’amélioration des difficultés attribuées à la taille trop courte du frein de langue, notamment les difficultés de mise en place de l’allaitement.

Ils alertent également sur l’utilisation d’huiles essentielles pendant la grossesse et après l’accouchement : « l’aromathérapie n’est en rien une médecine douce, les huiles extraites de plantes sont très concentrées, ont de vrais effets médicaux ». La plupart d’entre elles sont contre-indiquées pendant la grossesse, tout au long de l’allaitement et chez l’enfant de moins de six ans.

Concernant les colliers d’ambre, vendus comme des objets à mordiller pour soulager le bébé lorsque ses dents sortent, le collectif rappelle que c’est un objet « responsable chaque année d’une trentaine de décès par strangulation ». Ils avancent des moyens plus fiables pour soulager les douleurs dues aux poussées dentaires, comme les jouets à mordre, le froid ou la prise d’antidouleurs sur conseil médical.

Les auteurs de la tribune se disent « inquiets de la montée en puissance de ce qui [leur] apparaît clairement comme des dérives, pour la plupart inutiles, coûteuses pour les familles, et peuvent avoir une vraie répercussion négative sur la prise en charge des enfants voire entraîner un retard de soins »

Ils dénoncent également le fait que des professionnels de santé encouragent ces pratiques, alimentant ainsi la confusion entre médecine et disciplines non médicales.

Ils appellent les tutelles et les autorités en santé à renforcer la prévention, « faire un tri dans les formations en santé qui font trop souvent la part belle à des pratiques illusoires », encadrer le recours à l’ostéopathie, « réaliser un audit face à l’augmentation inquiétante des frénotomies linguales » et faire de l’éducation à la santé une « grande cause nationale ». 

(Sources : lefigaro.fr, 04.09.2022, Jim.fr, 07.09.2022)

  1. Il est précisé en tête de la tribune que celle-ci « a été rédigée par un groupe d’experts composé de puéricultrices, sages-femmes, kinésithérapeutes, diététiciens, orthophonistes, infirmières, pédiatres, gynécologues, médecins généralistes, médecins spécialistes, pharmaciens et chirurgiens-dentistes membres du collectif No FakeMed. »
  • Auteur : Unadfi