Un abbé accusé d’abus de faiblesse

Phillippe G. abbé âgé de 68 ans, dirigeant de l’association cultuelle de Lépante, émanation de la communauté Saint Pie V1 a comparu devant le tribunal correctionnel de Nantes pour abus de faiblesse, soupçonné d’avoir soutiré de l’argent à une de ses fidèles en 2011.


Infirmière à la retraite, la paroissienne aurait fait un don de 345 000 euros à l’association de Lépante après avoir hérité de ses parents. Elle souhaitait faire « voeu de pauvreté » et « était dans l’urgence absolue de racheter ses péchés, sous l’influence de l’abbé ». Elle avait ainsi répondu à son appel au don afin d’acquérir leur chapelle du Christ Roi après le décès de sa propriétaire : « Je vous exhorte à placer votre argent dans la banque du Bon Dieu, en nous aidant généreusement. » De plus, cette fidèle aurait donné à l’association un appartement situé près de la chapelle acheté sur les conseils de l’abbé. Elle pensait que, grâce à ce don, elle serait entretenue par la communauté. Pour son avocate, les faits ont provoqué un sentiment de honte et décuplé son sentiment de culpabilité au sens chrétien du terme.

Selon le ministère public, l’abbé était un dirigeant « omniprésent et omnipotent » de l’association cultuelle et la paroissienne était aveuglée par une idéologie qui la contraignait à l’isolement. L’abbé se défend de l’avoir « pressée de faire des dons », affirmant que la victime était « heureuse de participer à la rénovation de la chapelle ». Néanmoins, chez le notaire lors de la donation de l’appartement, il avait oublié de signaler un premier don.

L’abbé ne touche aucun revenu mais son association a récemment acheté une voiture pour ses déplacements. Présidant plusieurs SCI, le prêtre est aussi au coeur de différents conflits d’intérêts impliquant un garagiste et un artisan proches de la Fraternité Saint Pie V.

Le procureur a réclamé 18 mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve de deux ans. En outre, il a souhaité que la plaignante soit indemnisée et que l’abbé soit interdit d’exercer une fonction dirigeante au sein d’une association cultuelle. L’association risque une amende et la confiscation de sa voiture.

Le jugement sera rendu le 4 avril 2019.

(Sources : Libération, 10.02.2019 & Ouest France, 11.02.2019)

1. La Fraternité Saint Pie V est considérée comme plus intégriste que la Fraternité Saint Pie X. Ce mouvement sédévacantiste a été fondé en 1983 par d’anciens prêtres américains de la Fraternité Saint-Pie X. Elle ne reçoit aucune subvention et fonctionne principalement grâce aux dons de ses membres.