Aujourd’hui âgée de 78 ans, Christine Mathis, ex adepte des Bruderhof raconte son parcours depuis l’adhésion de ses parents, alors qu’elle n’avait que cinq ans, jusqu’à son exclusion à l’âge de 24 ans.
Vivant en Angleterre, ses parents, de religion méthodiste, attirés par les idées pacifistes promues par les Bruderhof décident de rejoindre la communauté en 1943. Extrêmement dogmatique, le groupe interdit la contraception et la famille est rapidement passée de trois à douze enfants. Peu à peu les parents abandonnent leur autorité parentale au profit d’une éducation communautaire. Neuf ans plus tard la famille est envoyée dans la jungle au Paraguay où ils vécurent dans des conditions très sommaires.
A l’âge de quinze ans, Christine rencontre un jeune homme prénommé Jörg. Mais les règles de la communauté interdisant de se tenir par la main ou de s’embrasser leur relation resta secrète jusqu’à ce que Jörg demande l’autorisation de l’épouser. Ce qu’on lui refusa sous prétexte qu’elle avait un esprit mauvais.
En 1961, considérant qu’à 22 ans elle était suffisamment âgée pour rester seule au Paraguay, sa famille retourne vivre sans elle en Angleterre. Peu de temps après, elle est envoyée aux États-Unis. Deux ans plus tard, elle est exclue sans explications et laissée au bord d’une route de Pennsylvanie avec une valise et vingt dollars en poche. Le choc psychologique a été violent et sa mémoire a occulté beaucoup de souvenirs de cette époque. Mais ce qu’elle n’a pas oublié, c’est le sentiment de soulagement qu’elle a ressenti grâce à la liberté enfin retrouvée.
Elle ne s’est jamais mariée, jusqu’à ce qu’elle retrouve Jörg qui, lui aussi, avait été exclu du groupe. Alors quarantenaires, ils se sont mariés et ont adopté trois enfants.
(Source : The Guardian, 16.12.2016)
Lire sur le site de l’UNADFI : Que sait-on de ? La communauté des Bruderhof : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/que-sait-de-la-communaute-des-bruderhof