La première partie de ce témoignage, relatant l’entrée et la vie dans l’Eglise, est parue dans le n° 92 de Bulles (4ème trimestre 2006).

Les doutes

Ma conversion m’avait éloignée de quelques amis qui ne comprenaient pas mes raisonnements ou que mon prosélytisme irritait. Qui plus est, je leur tenais un nouveau langage qui n’avait de sens qu’à l’intérieur de l’église. En fait, je ne pouvais utiliser le vocabulaire de l’église qu’avec les membres et c’est ainsi qu’ils sont devenus indispensables.
J’étais fière de parler la langue de ceux qui ont une mission rédemptrice à accomplir. J’appartenais à un groupe d’élite qui m’avait prouvé avec certitude que l’église mormone était la « véritable » église. Certains liens familiaux étaient devenus conflictuels et j’en éprouvais de la peine. Les membres de l’église me rassuraient en me disant que pour eux, il en avait été de même, qu’il ne fallait pas que je m’inquiète. Jésus lui-même avait été persécuté, c’est bien la preuve que j’étais dans la vérité.
En raison de mon changement d’attitude au bureau et mon prosélytisme, la société pour laquelle je travaillais au moment de ma conversion m’a renvoyée. Je l’ai très bien accepté car j’y voyais là encore la preuve que j’étais dans la vérité et que, tout comme la plupart des disciples de la paix, j’étais persécutée. Cela ne pouvait que renforcer ma
détermination.
A la suite de ce licenciement, j’éprouvais des difficultés à payer ma dîme et je me culpabilisais. Ne payant pas la dîme, je ne pouvais plus aller au temple et j’avais l’impression de vivre dans le péché. Les dirigeants m’avaient enseigné que l’union familiale ne peut perdurer après la mort que si ceux qui la composent ont été fidèles à l’évangile et ont été scellés dans la Maison du Seigneur : le temple. Je craignais que, n’étant plus digne, l’esprit du Seigneur se retire de moi. Je ne pourrais plus être avec ma famille pour l’éternité.(…)

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