Dans sa thèse en sociologie des religions, Caroline Gachet s’est intéressée à la désaffiliation du milieu évangélique. « Analyser pourquoi certaines personnes décident un jour de quitter le milieu évangélique permet de requestionner l’affiliation d’un autre point de vue. »
L’idée de cette thèse est née d’une rencontre, dans le cadre d’une autre étude, avec un évangélique qui ne fréquentait plus le milieu. Pour Caroline Gachet, ce cas constituait une énigme car « dans les faits, tout pousse à perpétuer l’affiliation ». En effet, le milieu évangélique se caractérise par l’importance qu’il accorde à la socialisation. Pour la sociologue, c’est cette socialisation prégnante qui inciterait certains à sortir de ce milieu car ils s’y sentent étouffés.
La dichotomie marquée entre le bien et le mal est un autre critère de désaffiliation. La pression exercée sur les fidèles pour être toujours parfait finit aussi par éloigner certains de leur milieu évangélique. Pour d’autres, c’est un événement précis qui les pousse à s’interroger sur ce qui leur a été enseigné : une jeune femme lui a expliqué comment il a été difficile d’apprendre que son père avait une maîtresse alors qu’il lui avait enseigné que mentir était mal.
Caroline Gachet a mis en évidence des comportements consuméristes chez ceux qui n’en sortent pas clairement, « si ça ne convient pas, on va voir ailleurs ». Pour la sociologue, il s’agit davantage d’un besoin de s’extraire du milieu évangélique que d’une désaffection de la religion.
Source : Protestinfo.ch, novembre 2013