Chaque mois la presse se fait l’écho de nombreux procès concernant des magnétiseurs. Nous avons choisi de relayer ces décisions de justice car, exerçant dans un cadre pseudo thérapeutique, certains profitent de la confiance et de la vulnérabilité de leurs patientes pour abuser d’elles.
Un magnétiseur exerçant dans la commune de Bas en Basset en Haute-Loire a été condamné le 26 mars, par la cour d’assise du Puy en Velay, à 10 ans de prison pour viols et agressions sexuelles commis sur douze femmes âgées de 30 à 60 ans. Il a également écopé d’une « interdiction définitive d’exercer la profession de magnétiseur ou toute activité en lien avec les soins à la personne ».
Les abus sexuels avaient débuté dès l’ouverture de son cabinet en 2013 et s’étaient poursuivis jusqu’au dépôt des premières plainte en 2017. Le procès qui se déroulait à huis clos a duré quatre jours en raison du nombre important de victimes et de témoins entendus.
A Montauban, c’est un autre praticien, magnétiseur et hypnothérapeute, qui a été condamné le
24 mars à cinq ans de prison, dont un avec sursis, par la cour d’assise du Tarn-et-Garonne. Il a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur six patientes lors de séances à son cabinet entre 2016 et 2018. Mais trois d’entre elles ne se sont pas constituées parties civiles par honte. Les quinze mois qu’il a déjà purgés en préventive ont été soustraits de cette peine. Il a également écopé d’une interdiction définitive d’exercer une profession en lien avec les soins et a été inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).
L’homme au parcours hétéroclite, devenu magnétiseur sur le tard après avoir exercé les métiers de marbrier, soudeur, informaticien, électricien, nie les accusations des plaignantes et parle de dérapage déontologique et de consentement. Si les témoins de l’accusé le présentent comme une personne serviable, Maître Tempels-Ruiz, l’une des avocates des parties civiles, souligne que « son ex-femme dit qu’il aime aussi dominer les personnes faibles ». Quant à l’enquêtrice de personnalité, reprenant le témoignage de la dernière compagne de l’accusé, elle explique qu’il a « un désir de plaire, pas qu’avec les femmes, il est narcissique ». Et ajoute « il a un besoin de reconnaissance car il n’a aucun diplôme ».
Les victimes, quant à elles, toutes venues le consulter à un moment où elles étaient en état de « fragilité psychique », espéraient que l’hypnose les aideraient à régler leurs problèmes. Au lieu de cela, elles dénoncent « d’interminables séances de massages de 3 à 4 heures, sur les seins et pas seulement pour certaines ».
Maître Amélie Villageon, avocate de l’une des plaignantes, souligne dans sa plaidoirie, des « faits d’une banalité criminologique » au sujet desquels les « articles ne manquent pas dans la presse ». Pour elle, il s’agit d’un « magnétiseur charlatan qui abuse des drainages lymphatiques, des massages des seins qui n’ont que vocation à exciter des zones érogènes de ses patientes », mais en aucun cas d’une faute professionnelle, ni d‘un dérapage, il s’agit d’un viol par contrainte morale et par surprise d’un thérapeute. »
A Reims, un magnétiseur, âgé de 45 ans a été mis en examen puis placé en détention provisoire le 25 mars pour des soupçons d’agressions sexuelles sur six patientes, dont deux mineures.
Les victimes ont toutes raconté la même histoire. L’homme, qui se présentait comme magnétiseur, exorcisait ses patientes avec une méthode très personnelle : une fois allongées sur le ventre, les yeux fermés, le magnétiseur venait frotter son sexe contre leurs pieds. Pour sa défense l’homme a expliqué les avoir prévenues de ce qu’il allait faire. (Sources : L’Eveil, 24.03.2022, L’Express, 26.03.2022, La Dépêche, 21.03.2022 & 24.03.2022, Le Courrier Picard, 26.03.2022)
[A l’heure où nous écrivons cet article, nous ne savons pas si les prévenus ont fait appel de leur condamnation]