Que sait-on de …? Le Mouvement pour la restauration des dix Commandements de Dieu

Histoire et croyances du mouvement

Le Mouvement pour la restauration des dix Commandements de Dieu a été fondé en Ouganda en 1989. D’inspiration catholique, il propageait l’idée que le monde prendrait fin en l’an 2000. Les problèmes politiques du pays ainsi que l’épidémie de SIDA qui touchait la population étaient interprétés comme des signes de la fin des temps. Le mouvement était présenté comme une sorte d’Arche de Noé, un refuge pour échapper à l’apocalypse. Les croyants devaient vivre en suivant à la lettre les Dix Commandements. Leur application était tellement littérale que, par exemple, le neuvième commandement : « tu ne feras pas de faux témoignage » était interprété par une interdiction de parler aux fidèles.

Le Mouvement trouve son origine dans les visions de Paulo Kashaku et de sa fille Credonia Mwerinde. Le Christ et la Vierge leur seraient apparu et leur auraient donné pour mission de prêcher à travers l’Ouganda l’imminence de la fin du monde. C’est lors de ces voyages que Credonia Mwerinde rencontra Joseph Kibwetere avec lequel elle créa officiellement le Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu.
 

Malgré son rigorisme, le groupe attira de nombreux adeptes et ils étaient près de 5000 à la fin des années 1990. Vendant tous leurs biens et mettant tout leur argent en commun, ils achetèrent une plantation et plusieurs terrains sur lesquels ils construisirent une école primaire, des lieux de prière.
 

Avant le drame, la vie du mouvement fut émaillée de plusieurs incidents. La secte fut accusée de faire travailler des enfants, d’avoir enlevé des mineurs, d’avoir des locaux insalubres. Cependant, même si elle était surveillée par les services de renseignement ougandais, elle bénéficia à plusieurs reprises de la bienveillance des autorités. En 1994, des représentants du Mouvement furent reçus par le Président Yoweri Museveni. L’école du groupe recevait des financements de l’État. Après le drame, une Commission d’enquête a même démontré que la corruption de certaines autorités locales du district de Kanungu avait permis au Mouvement d’être enregistré comme ONG.

Les prémices du drame

Dès 1992, le groupe annonçait l’apocalypse en ces termes : « Des serpents aussi grands que des roues de tracteurs et des blocs de ciments tomberont du ciel sur les pêcheurs, trois jours d’obscurité consécutifs engloutiront le monde ». Finalement les dirigeants l’annoncèrent pour le 1er janvier 2000. A l’approche de cette date, la direction du groupe enjoignit aux fidèles de vendre leurs biens (vêtements, bétail), d’arrêter de travailler et de faire revenir les anciens adeptes. L’apocalypse n’eut pas lieu, et le mécontentement des adeptes qui voulaient récupérer leur argent mit la direction du groupe en difficulté. Pour se sortir de ce mauvais pas, une autre date fut annoncée, le 17 mars 2000. Le jour fatidique, une grande fête fut organisée. Les nombreux fidèles furent invités à prier dans leur église où portes et fenêtres avaient été condamnées à l’avance. Quelques instants plus tard survint une explosion. Pris au piège, 530 adeptes, dont des dizaines d’enfants périrent dans les flammes. Croyant d’abord à un suicide collectif, la police découvrit qu’il s’agissait, en fait, d’un meurtre de masse organisé par la direction du mouvement. Quelques jours après le drame, la police découvrit plusieurs centaines de corps répartis dans différentes propriétés appartenant au groupe. Ce qui porta le nombre de morts à plus de 700 personnes. L’enquête montra que les victimes avaient été tuées plusieurs semaines avant l’incendie de l’église.

Un mandat d’arrêt international a été délivré contre les dirigeants soupçonnés d’être encore en vie. L’épouse de l’un d’eux, Joseph Kibwetere, a révélé récemment qu’il serait mort en 1999, avant le drame. La police a repris son enquête pour vérifier la véracité de ses propos.

(Sources : The Ugandan, 30.10.2016 & Wikipédia)