Que sait-on de ? La Communication Facilitée

Développée en Australie et introduite en France au début des années 90 par l’orthophoniste Anne-Marguerite Vexiau, la Communication Facilitée est une technique censée permettre à des enfants et à des adultes « privés de parole » (autistes, polyhandicapés, déficients mentaux…) de s’exprimer.


La Commission d’enquête parlementaire : « L’enfance volée – Les mineurs victimes des sectes » s’est penchée sur la Communication Facilitée, qu’elle qualifie de « supercherie » tirant profit du désarroi de parents d’enfants handicapés mentaux : les discours singulièrement sophistiqués attribués à ces enfants sont, de manière « évidente », les produits de l’imagination du « facilitant ».

Le journaliste de Charlie Hebdo, Antonio Fischetti, n’a pas manqué de dénoncer la Communication Facilitée dès 2003 (ce qui a d’ailleurs provoqué un procès contre lui et son journal… procès gagné par la suite). En 2006, ce même journaliste dénonce l’imposture que constitue le livre de Paul Melki « Journal de bord d’un détraqué moteur », rédigé grâce à la Communication Facilitée. Paul Melki, 17 ans, handicapé profond presque aveugle, qui ne peut ni parler ni écrire, est même interviewé sur le site internet www.hachette.com ! Des articles sans la moindre distanciation ont aussi été publiés par plusieurs journaux sur cet écrivain pas comme les autres, et il été honoré d’un prix de littérature ! Or, il est avéré que c’est le père de Paul Melki qui fait office de « facilitateur » et de rédacteur. L’auteur de « l’interview » mentionnée ci-dessus, a ensuite reconnu avoir interrogé le père du « prétendu » écrivain.

Par ailleurs, la Commission Parlementaire s’étonne que des enfants aient été soumis à ce procédé en milieu hospitalier ou dans des institutions spécialisées. Ainsi le foyer pour handicapés Ker Spi dans les Côtes d’Armor a appliqué la Communication Facilitée pendant 4 ans jusqu’en 2002. Des médecins s’étaient alors émus de l’utilisation de cette méthode dans cette institution. En février 2004, Le Conseil national de l’ordre des médecins mettait en avant « l’absence d’une véritable validation scientifique » et le président de l’Association des médecins rééducateurs hospitaliers de Bretagne ajoutait qu’elle « est susceptible d’exposer des personnes vulnérables à des abus ». Enfin le professeur Régine Brissot du CHU de Rennes renchérissait en parlant d’abus de confiance envers des « personnes en situation de faiblesse et de souffrance ». Quant au Docteur Jézéquel, président de l’association E3PH, (Ethique professionnelle et protection des personnes avec handicap dans les Côtes d’Armor), il avait tiré très vite le signal d’alarme, rapportant que des formations à la Communication Facilitée aborderaient des thèmes tels que « communiquer avec les fœtus et les morts ». En effet, le secteur « transgénérationnel » qui a actuellement le vent en poupe n’est pas oublié puisque cette technique permettrait d’entrer en contact avec la conscience d’embryons « qui n’ont pas survécu » ou encore avec celle de proches décédés !

Un article publié en 2006 dans la revue américaine, Skeptic, rappelle que l’une des premières enquêtes sur l’efficacité de la Communication Facilitée résulta d’une accusation d’abus sexuel lancée par une adolescente profondément autiste à l’encontre de ses parents et grands parents. Il s’avéra très vite que les accusations venaient du « facilitateur » et non de l’adolescente. Toujours aux Etats-Unis, une série d’études plus poussées furent ensuite entreprises. Elles échouèrent à valider les revendications des partisans de la Communication Facilitée, mettant en évidence son empirisme. Les résultats des études scientifiques incitèrent en 1994 l’American Psychological Association à adopter une résolution (plutôt en demi-teinte !) qui déclarait que la Communication Facilitée était une procédure de communication « discutée » et « sans preuve scientifique de son efficacité ». Le prix à payer pour avoir accepté sans esprit critique les « messages » de cette méthode fut très lourd pour certaines personnes : fausses accusations d’abus sexuel, emprisonnements, enfants placés en familles d’accueil et années de scolarité gâchées en mettant des autistes dans « des classes de haut niveau » tout à fait inadaptées. [Voir également un article sur la « grandeur et la décadence » de la communication facilitée en Australie [http://www.autismwebsite.com/ari/french/fr_facilitatedcommunication.htm]]

Le 13 septembre 2005, le Parquet de Saint-Brieuc a ouvert une information judiciaire contre X pour escroquerie au préjudice de personnes vulnérables et exercice illégal de la médecine, suite à la plainte de médecins.