L’Occitanie, terre de communautés alternatives

Des mouvements prônant le crudivorisme, la naturopathie et autres cultes chamaniques semblent avoir trouvé en Occitanie un terreau fertile. Selon Florant Mercadier, responsable à l’ADFI Midi-Pyrénées, « les signalements ont doublé, voire triplé, en deux ans ».

L’idée d’un mode de vie alternatif peut séduire. Partir vivre à la campagne, manger mieux et prendre soin de soi sont de saines initiatives. Sauf que certains ont bien compris qu’il y avait là un filon. En Occitanie, les communautés seraient ainsi de plus en plus nombreuses. Eparses, discrètes et insérées. « Mais dix à quinze adeptes, ça suffit à alimenter une secte », souligne Florant Mercadier. « On est aujourd’hui loin des funestes souvenirs de l’Ordre du Temple solaire. Les sectes perdent en sacralité. Les gourous ont changé de méthodes, ils deviennent des guides sympathiques. Et surtout, les mouvements deviennent horizontaux. Comme ça, ils s’échangent leurs adeptes. Les groupes sont mobiles, changeants et impalpables ». Pour ce responsable de l’ADFI Midi-Pyrénées, il y aurait en Occitanie un « terreau historique », « l’histoire de la région est ancrée dans l’ADN de ses habitants » et certains « mélangent cultures néochrétiennes et nouvelles idées alternatives ». Des communautés seraient ainsi devenues, au fil des ans, de incubateurs à dérives sectaires. D’autant que, comme ailleurs, les gourous ont accès à internet et peuvent encore plus jouer de leur influence.

Avocat au barreau de Montpellier, Jean-Baptiste Cesbron estime, pour sa part, que les dérives sectaires observées sont les mêmes que dans le reste de l’hexagone : « on retrouve des dérives en matière de santé, de bien-être et d’abus sexuel… Mais il n’y a pas plus de folklore ici qu’ailleurs ». Si singularité il y a selon lui, c’est la proximité avec la frontière espagnole : « les gourous se sentent rassurés parce qu’ils peuvent aller assez vite en Espagne ». 

(Source : Midi Libre, 21.12.2023)

  • Auteur : Unadfi