Les leaders de sectes peuvent prétendre communiquer avec Dieu, être Dieu ou commettre des meurtres en « son nom ». Mais pour autant, sont-ils fous ? D’un point de vue médical, la réponse varie en fonction des cas mais sur le plan juridique, la réponse est souvent non, comme le rappelle Brian Holoyoda, professeur en psychiatrie à l’Université de Californie, auteur d’une étude sur le plaidoyer de non culpabilité pour cause d’aliénation mentale. Il se demande si ce plaidoyer, fondé uniquement sur l’appartenance à un mouvement sectaire, est automatiquement voué à l’échec.
Pour les tribunaux, si l’adhésion à une secte est volontaire, tous les actes qui en découlent le sont également.
En règle générale, les membres des sectes adhèrent à des croyances qui paraissent saugrenues aux yeux des personnes extérieures au mouvement et il est difficile de juger si les croyances des adeptes sont fondées sur les enseignements doctrinaux ou si ce sont leurs propres délires.
Les psychiatres n’ont pas de textes de référence sur la question, les récents DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) ne l’abordent pas. Une précédente version mentionnait un diagnostic de « trouble délirant partagé » mais ne le liait pas aux croyances et aux mouvements sectaires.
Sur le plan légal, la Cour suprême des États-Unis a statué, en 1944 : la liberté de religion inclut le droit d’adhérer à des croyances « considérées comme des hérésies aux yeux des adeptes de religions orthodoxes ».
Les tribunaux rencontrent également des difficultés face à ces dossiers : sur 398 cas étudiés par Brian Holoyoda, il n’y a eu que sept condamnations de sectes pour assassinat, la a plus célèbre étant celle de La Famille Manson pour des meurtres perpétrés par les adeptes sur ordre du leader, Charles Manson. Il a d’ailleurs constaté qu’aucun des ces sept cas n’a utilisé le plaidoyer de non-culpabilité pour aliénation mentale.
Dans un autres cas, celui du leader Michael Ryan et de son fils qui ont assassiné d’autres membres de leur secte. Le père a été condamné à mort alors que la défense avait mis en avant des troubles schizophrènes et paranoïaques. Le fils, Dennis, âgé de 15 ans au moment des faits a été reconnu coupable en dépit d’un diagnostic de « trouble de la personnalité, d’une paranoïa et d’un trouble psychotique partagés ».
Svetlana Milenkovic, psychiatre de Toronto, a commenté l’étude de Brian Holoyda : « Je suis entièrement d’accord avec le point de vue des tribunaux. Les leaders prennent le contrôle sur d’autres personnes en utilisant les drogues, la violence psychologique et physique, mais cela ne signifie pas que ces personnes ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal et qu’elles ne peuvent pas être responsables de leur comportement ».
(Source : Medpage Today, 17.05.2015)