Les dérives de Jacques Grimault

Marianne a enquêté sur Jacques Grimault auteur à succès d’un livre sur les pyramides et « star » des sciences occultes. Il pratique entre autre l’exorcisme, la voyance, l’astrologie, la numérologie, la télépathie et est à la tête d’une association de sciences occultes. Plusieurs anciens disciples l’accusent aujourd’hui de dérive sectaire. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) assure avoir reçu ces dernières années une vingtaine de signalements sur les différentes activités de Jacques Grimault.

Jacques Grimault prétend être âgé de 175 ans (66 selon son état civil). Il a débuté en établissant des théories sur les pyramides égyptiennes ; elles auraient été bâties par un peuple de bâtisseurs technologiquement avancés et renfermeraient un message secret : celui d’une apocalypse imminente. Ces théories ont fait son succès et un de ses films, sorti en 2009, a eu une large diffusion aussi bien sur Internet qu’à la télévision. En 2011, il fonde La Nouvelle Atlantide(LNA), une école de parasciences. C’est avec cette association qu’il multiplie les prises de parole et élargit son audimat. Il se dit en guerre contre les « balivernes » de la « science officielle ». Il est aussi proche de l’extrême droite et intervient lors de conférences du groupe d’Alain Soral, Egalité et Réconciliation. Dans des publications sur Facebook, Jacques Grimault nie l’existence des chambres à gaz et met en cause les « gouvernements talmudo-mondialistes ».

Pour Marianne, d’anciens adeptes de LNA témoignent et racontent comment ils sont tombés sous l’emprise de Jacques Grimault bien souvent à la suite de la lecture de ses théories sur les pyramides, et en raison de son charisme et son aura. Les témoignages dénoncent un véritable fonctionnement sectaire, des abus de faiblesse, des escroqueries financières et des exercices illégaux de la médecine.

L’un des ex-adeptes témoigne que le leader de LNA l’a écarté des traitements médicaux pour lui conseiller des épluchures de pomme de terre, des comprimés de lithium et des exercices de yoga. Il souffrait de schizophrénie, mais selon Jacques Grimault il était « embarqué dans un engrenage métabolique déficient » et « squatté par une âme ».

À ses adeptes, il raconte avoir synthétisé la « pilule perpétuelle » qui permettrait de prolonger la vie et de transformer « en demi-dieu quasiment immortel », ce qui attire notamment des femmes âgées qui souhaitent pouvoir rallonger leur vie.

Toutes ses prestations, ses prétendues pierres aux vertus miraculeuses et ses différents ouvrages ont un coût. Les adeptes sont souvent sollicités. Il a récolté plus de 108 000€ pour financer la sortie de l’épisode numéro deux de son film sur les pyramides dont la sortie est attendue depuis dix ans…Des documents comptables de LNA montrent qu’avec les fonds récoltés par l’association Jacques Grimault et sa femme ont pu mener un train de vie luxueux.

Grimault est aussi très virulent vis-à- vis des adeptes qui quittent le groupe n’hésitant pas à les insulter sur Facebook. Il nie l’ensemble des accusations des ex-adeptes et met en  cause des manoeuvres de la part de francs-maçons qui selon lui dirigent la Miviludes.

(Source : Marianne, 13.12.2020)

L’anti-vaccination en France

Aujourd’hui, la France semble être le pays d’Europe Occidentale où la défiance vaccinale est la plus forte. Cela n’a pas
toujours été le cas dans le pays de Pasteur. Chercheur en psychologie sociale à l’École des hautes études en santé publique
(EHESS) et spécialiste en prévention et maladies infectieuses, Jocelyn Raude a analysé l’évolution de ce phénomène
et les différents déclencheurs.

Le chercheur rappelle que la vaccination moderne a été développée en France ce qui a conduit la population à entretenir
un lien très fort à la vaccination qui représentait une fierté nationale et un instrument important en termes de géopolitique.
Les grandes campagnes de vaccination ont permis d’éradiquer des maladies au fort taux de mortalité. Aujourd’hui, les
jeunes générations semblent avoir oublié la menace de ces maladies qui ont disparu. C’est sur cet oubli que peut se
développer la critique vaccinale. Les Français semblent aujourd’hui ne plus avoir confiance dans la sécurité vaccinale ni,
au contraire des autres pays européens, dans les institutions médicales. Alors que l’arrivée d’un vaccin contre le Covid
semble primordiale pour sortir de l’épidémie, les Français semblent hésitants en cohérence avec l’augmentation croissante
de leur réticence des 30 dernières années.

Pour Jocelyn Raude, plusieurs éléments successifs ont depuis les années 1990 fait naître cette crise de défiance majeure.
Il cite notamment la campagne de vaccination contre l’Hépatite B arrivée au même moment que l’apparition de cas
de sclérose en plaque. Certaines associations ont alors attribué cette hausse de cas au vaccin bien qu’aucune étude
scientifique n’ait pu prouver de lien. Autre controverse, celle du lien qui s’est avéré faux entre l’autisme et la vaccination
contre la rougeole/oreillon/rubéole. Mais le réel basculement provient de la campagne de vaccination lors de l’épidémie
de grippe A(H1N1) en 2009. Peu de personnes seront vaccinées et de nombreuses doses resteront inutilisées. Cela
a suscité de nombreuses critiques d’ordre économique et notamment sur d’éventuels conflits d’intérêts. D’autant que
la controverse a augmenté avec l’apparition à la même époque des réseaux sociaux où les groupes conspirationnistes
antivax commencent à se développer. D’autres scandales comme la crise du Médiator vont aussi contribuer à amplifier
la méfiance vis-à-vis des institutions médicales et pharmaceutiques.

 

  • Auteur : Unadfi