Dissimulation de crimes au sein d’une école liée à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X

Le 17 décembre 2020, Guillaumo Aguilar, un ancien militaire a été condamné à 7 ans de prison par le tribunal correctionnel de Saint Malo. Il a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur 13 mineurs entre 1996 et 2001.

Cette affaire a attiré l’attention sur l’école Sainte-Marie de Saint-Père- Marc-en-Poulet (35) où se sont déroulés les faits. Cet établissement hors contrat, créé en 1987, est géré par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX). Il accueille 200 élèves (des garçons de la maternelle à la terminale. Si le site de l’école met en avant les qualités morales de son personnel, l’affaire Aguillar met à mal cette réputation et révèle une nouvelle fois la dissimulation d’affaires criminelles par la FSSPX.

Aguillar qui était l’ami d’un prêtre de l’école était reçu lors de ses permissions dans le pensionnat de l’école. Faisant office de surveillant, il dormait avec les enfants. Il gagnait leur confiance en leur offrant des effets (vêtements, habits) militaires et profitait de leur essayage pour les agresser sexuellement.

L’affaire a éclaté suite à deux plaintes déposées dans les années 2000 qui ont abouti à une condamnation à quatre ans de prison en 2010. Mais d’autres victimes s’étant déclarées à cette occasion, la gendarmerie avait décidé de poursuivre son enquête pour en trouver d’autres.

L’accusé a comparu en visioconférence depuis la Guyane où il attend d’être jugé dans un autre procès pour viol sur mineur.

L’avocate du prévenu s’est étonnée qu’aucun membre de l’école ait été mis en cause. Pourtant des enfants s’étaient confiés à eux. Mais le parquet n’avait, semble-t-il pas assez d’éléments pour « établir la non-dénonciation de crime commis sur mineur ».

Théodore, l’une des victimes, âgé aujourd’hui de 33 ans, en avait parlé à deux prêtre en confession. Ils n’ont rien fait, sauf lui donner l’absolution. Les agressions qu’il n’a révélé que bien des années plus tard à ses parents, ont totalement ruiné sa scolarité.

Ce n’est pas la première fois que l’établissement est au coeur d’une affaire judiciaire. Déjà « en 2018, deux enseignants et un prêtre ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis pour des châtiments corporels sur des élèves entre 2008 et 2011 ».

La violence n’est pas rare dans cette école. Brieuc, un ancien élève se rappelle d’un professeur qui renversait les tables et jetait des brosses sur les élèves. Mais il se souvient surtout des règles très strictes régissant le quotidien des élèves et de la conception passéiste de l’éducation. Baskets et jeans sont interdits, tandis que les douches n’étaient autorisées qu’une fois par semaine. Il ajoute que les élèves devaient même apporter leur papier toilette.

Chaque jour des prières et la messe rythment la vie des élèves qui sont obligés d’être pensionnaires à partir du lycée. Une façon, selon un proche de la Fraternité de « réduire l’influence des familles sur l’éducation ». Une éducation qui place la femme en position inférieure à l’homme qu’elle ferait « tomber dans l’impureté par ses comportements « immodestes et trop libérés ».

En ce qui concerne le programme de l’Education nationale, il est laissé à la libre interprétation des enseignants de l’école qui considèrent, pour certains, qu’ « en France, l’Éducation nationale conduit les âmes en enfer ». Créationnistes, la préhistoire ne fait pas partie de leur programme. Certains auteurs sont fortement déconseillés le contenu de leurs œuvres étant considéré comme trop « libertin » ou anticlérical.

Contactée par Le Parisien, la direction de l’école n’a pas donné suite à la demande du journal.

(Source : Le Parisien, 26.12.2020)

 

  • Auteur : Unadfi