Le gouvernement japonais fait passer une loi afin d’encadrer davantage les dons

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a fait passer en urgence une loi relative aux dons destinés aux organisations, qu’elles soient religieuses ou non. Cette loi qui a été adoptée le 10 décembre, soit cinq jours seulement après sa soumission au Parlement, convainc peu.

L’assassinat de l’ancien premier ministre Shinzo Abe par le fils d’une adepte de l’Eglise de l’Unification a été suivi d’un flot de révélations concernant les liens anciens unissant le Parti libéral-démocrate à la secte. Ces révélations ont fragilisé l’administration du premier ministre, dont le taux de soutien ne dépasse pas 35% d’après un sondage du 9 décembre. C’est pour tenter de regagner en popularité qu’il a fait passer cette loi visant à encadrer les activités des structures qui collectent des dons ou qui effectuent des « ventes spirituelles » . Sont également concernées les organisations à but non lucratif et les écoles. Profiter de l’état de faiblesse des personnes ou susciter des peurs en affirmant qu’un don est « indispensable » pour écarter les difficultés sera considéré comme une infraction, les sanctions pouvant aller jusqu’à un an de prison ou une amende de 1 million de yens (environ 7 000 euros). La loi donne également le droit aux familles des adeptes d’annuler des dons. Cependant cette dernière disposition n’est applicable que dans le cas où les adeptes n’ont plus les moyens financiers d’agir.

Des membres de l’opposition et des avocats ont accusé Kishida d’avoir été trop souple sur la question, parce que le parti Komeito, un partenaire de coalition au sein du gouvernement japonais depuis 1999, est soutenu par la secte Bouddhiste Soka Gakkai. D’autres experts disent que la loi manque d’une dimension punitive. Elle ne prévoit pas de limites aux dons, ni ne considère le fait que certaines personnes peuvent faire des dons sous endoctrinement. Elle n’aborde pas non plus la protection des enfants.  « Il faudrait aussi une loi pour prévenir les abus religieux à l’encontre des enfants », a plaidé Sayuri Ogawa, lors d’une audition au Parlement. Intervenant sous un faux nom, Mme Ogawa est la fille d’un couple d’adeptes de la secte Moon.

Dans le même temps, une délégation de victimes a remis le 9 décembre au ministère de l’Éducation une pétition signée par 209 000 personnes et appelant à la dissolution de la secte Moon au Japon. Shizuku Ida, ancienne adepte de deuxième génération, s’exprimant elle aussi sous pseudonyme, l’espère possible car « il y a encore beaucoup de victimes ». « Je ne vois rien de sincère de la part de l’église » a-t-elle déclaré.

(Sources : theglobeandmail, 10.12.2022 & lemonde.fr, 11.12.2022)

  • Auteur : Unadfi