La secte avait pris racines en Bretagne

Quand on se remémore l’Ordre du Temple solaire, on pense souvent à Québec (Canada), à Salvan (Suisse) ou encore à Cheiry (France). On le sait moins, mais en Bretagne, la secte avait enrôlé des dizaines de fidèles.

Sous couvert d’associations de bien-être et à grand renfort de conférences sur l’homéopathie, Luc Jouret s’était infiltré en Bretagne. En prônant des médecines alternatives et des idéologies New-Age, il avait réussi à attirer et recruter une cinquantaine d’adeptes. « Le secteur de Brest était une plaque tournante. Luc Jouret y venait souvent, il s’était acheté un bel appartement rue de Siam. Il considérait que l’Armorique était une terre idéale car non souillée du sang des invasions et des guerres » explique Renaud Marhic, journaliste et romancier brestois, auteur de L’Ordre du Temple Solaire, une enquête très documentée sur le mouvement. Les fidèles bretons étaient socialement bien installés. Ils étaient commerçants, professeurs, étudiants ou encore agents immobiliers. Ils se retrouvaient souvent dans une maison située en bord de mer à Plougastel-Daoulas. Parmi eux, un pharmacien brestois semble avoir joué un rôle prépondérant dans le rayonnement et l’activité de l’OTS.

Le rôle clé d’un pharmacien brestois

Les investigations ont permis de prouver que Claude Giron, décédé en 2004, préparait des trousses homéopathiques de survie, vendues aux membres de l’OTS pour « les protéger des affres de l’apocalypse ». Mais surtout qu’il avait commandé 102 boîtes de Rohypnol (un puissant neuroleptique) durant l’été 1994, contre habituellement une dizaine par mois ! Ce Rohypnol, acheté à un grossiste de Gouesnou, aurait pu être administré aux victimes avant leurs exécutions. Le constat de ces commandes a été effectué par Bernard Legrand, huissier brestois aujourd’hui retraité… Mais cet élément n’a jamais été versé au dossier. Et le pharmacien, qui avait été mis en examen, a bénéficié d’un non-lieu « faute de preuves suffisantes ».

Aujourd’hui, l’ombre du doute plane toujours sur cette affaire et « la connexion brestoise reste un élément clé pour comprendre » estime Renaud Marhic. Reste que, 30 ans plus tard, « les anciens adeptes heureux d’avoir échappé à la mort n’ont aucune envie de revenir sur cet épisode. Après avoir été financièrement lessivés par la secte, ils se sont faits discrets ». 

(Sources : France 3, 06.10.2024 & Le Télégramme, 07.10.2024)

  • Auteur : Unadfi