La Scientologie déboutée

Depuis 2009, Laura DeCrescenzo mène une bataille juridique contre la Scientologie pour l’avoir obligée à avorter. Le juge de la Cour supérieure de Los Angeles a rejeté le non lieu réclamé par l’organisation et a décidé que l’affaire justifiait un procès dont la date sera fixée en juin 2016.

En 1991, à l’âge de 12 ans, Laura a signé un contrat d’un milliard d’années l’engageant à une dévotion éternelle à la Scientologie. De parents scientologues, elle avait déjà fait du bénévolat au sein de l’organisation dans un centre basé au Nouveau-Mexique. Elle se marie et devient membre de la Sea Org avant de tomber enceinte à l’âge de 17 ans. Sa hiérarchie exerce alors sur elle une pression intense. Elle doit faire face à plusieurs menaces et à des méthodes coercitives qui l’amèneront, contre son gré, à procéder à un avortement. Pour garder l’enfant, elle aurait dû sortir de la Scientologie. Mais l’emprise du mouvement et sa peur du monde extérieur l’ont empêchée de lutter contre la pression.

Selon Tony Ortega (journaliste et auteur du blog Undergroun Bunker), les membres de la Sea Org travaillent énormément, ils ont l’interdiction d’avoir des enfants, ils n’en ont pas le temps. Les avocats de la Scientologie admettent que l’organisation puisse dissuader un membre d’avoir des enfants mais en aucun cas elle ne les oblige à avorter.
Mais le juge a considéré qu’il avait suffisamment de preuves pour poursuivre la procédure et a rejeté la demande de non lieu de la Scientologie qui a déjà déclaré, selon ses avocats, subir une « inquisition religieuse ».

En effet, Laura et ses avocats se sont battus pour avoir accès à des fiches la concernant, conservées par la Scientologie, des milliers de pages de documents compilés au cours des treize années qu’elle a passées dans la Sea Org. Sur une note, Laura se plaint de ne plus pouvoir voir sa famille. Sur une autre, son superviseur note que Laura est enceinte de deux mois, qu’elle est bouleversée et qu’elle ne veut pas entendre parler d’avortement. En 2001, une autre note signale que Laura est intégrée au RPF (Rehabilitation Project Force), programme destiné aux réfractaires. Elle a réussi à s’en sortir grâce à une simulation de tentative de suicide.

En plus de ces multiples preuves, le juge tiendra compte des violations du Code du travail dont Laura fut également victime.

(Source : ABC 7, Lisa Bartley, 30.04.2016)