The Times a fouillé dans ses archives pour proposer un récapitulatif des controverses impliquant la Scientologie. Les allégations les plus fréquentes concernent son service d’ordre, ses campagnes d’intimidation et de harcèlement sur toute personne considérée comme ennemie par l’organisation.
Ainsi cette enquête menée par le journal dans les années 1980. Elle avait révélé, entre autres choses, l’opération Snow White, campagne d’intimidation et de surveillance d’ennemis potentiels qui avait conduit en prison 11 membres de la Scientologie, dont la femme du fondateur L. Ron Hubbard.
Parmi les victimes, Paulette Cooper, auteure de Le Scandale de la Scientologie. Dans cette affaire, il avait été également démontré que des scientologues s’étaient infiltrés, entre autres, au ministère de la Justice. Leur objectif était de récupérer toutes les informations concernant Hubbard et la Scientologie. Ils avaient volé des milliers de documents lors de raids nocturnes. Lors de la perquisition des locaux scientologues, le FBI avait découvert des outils de cambrioleurs, du matériel d’écoute et près de 50.000 documents détaillant les opérations engagées contre leurs « ennemis ».
Des années plus tard, The Times avait montré que la Scientologie faisait alors appel à des détectives privés et non plus à des membres de l’organisation. En 1989, le journal a également rapporté qu’un scientologue américain, arrêté en Espagne, détenait des dossiers contenant des informations confidentielles et intimes sur un membre du Parlement et un juge de Madrid, qui avait supervisé une enquête de fraude fiscale de l’église.
Encore quelques années plus tard, Joel Sappell, ancien journaliste du Times, qui a co-écrit une série d’articles d’investigation sur la Scientologie, a disparu avec un confrère, Robert Welkos. Durant sa disparition, le chien de Sappell est retrouvé mort. Le journaliste a également retrouvé des brochures de pompes funèbres sur sa porte. Il sait avoir fait l’objet d’enquête de détectives privés.
En 2005, The Times a révélé l’existence d’un centre névralgique de la Scientologie : Inland Empire. Ce complexe secret, entouré de barbelés est étroitement protégé par un système de vidéosurveillance, de capteurs de mouvements et de gardes munis de télescopes.
En 2009, le média Tampa Bay Times a démarré une série d’entretiens avec des personnes qui avaient quitté le mouvement. Parmi elles, des dirigeants et des membres qui ont fait partie du cercle restreint de David Miscavige, actuel leader de l’organisation. Ils avaient relaté la violence physique avec laquelle le chef de la Scientologie traitait ses subalternes. Cette série d’articles a également révélé comment la Scientologie a détruit les preuves entourant le décès de Lisa McPherson qui est morte déshydratée sans qu’aucun membre de la Scientologie ne lui soit venu en aide.
D’anciennes adeptes ont raconté comment l’organisation les a contraintes à avorter alors qu’elles ne le voulaient pas. D’autres ont expliqués comment l’organisation les a forcés à couper tout lien avec leurs familles.
En 2011, le scénariste oscarisé Paul Haggis (« Million Dollar Baby », « Crash ») s’est ouvert au New Yorker racontant son entrée dans l’organisation et les raisons qui l’ont poussé à en sortir. Père de deux filles homosexuelles, il était en désaccord avec un précepte de l’église qui ne reconnaissait pas les mariages entre personnes du même sexe.
Dans sa lettre de démission, Haggis a déclaré qu’à la lecture des articles de Tampa Bay Times, « si seulement une fraction des accusions sont vraies, nous avons affaire à des violation des droits civiques et humains graves et indéfendables ».
(Source : The Times, 09.04.2015)