Deux anciens étudiants du « Sarah Lawrence Collège »1 viennent de porter plainte contre leur établissement pour ne pas les avoir protégés des agissements de Lawrence Gray. Condamné à perpétuité pour trafic sexuel, « celui qui utilisait des techniques sectaires pour endoctriner ses victimes » selon les juges, a erré 10 ans sur le campus sans que la direction s’en étonne.
Lors de son procès, en décembre 2022, les journaux l’avaient qualifié de « monstre » et de « génie du mal ». Lawrence Ray a été reconnu coupable de 15 chefs d’accusation, parmi lesquels extorsion, trafic sexuel, agressions et violences, ce qui lui aurait permis d’empocher des millions de dollars. Il a été condamné à perpétuité. Un an plus tard, deux anciens étudiants remontent au créneau. Ils accusent l’université de négligence en ayant permis à cet homme, qui avait déjà été condamné par le passé, d’aller et venir à sa guise sur leur campus du comté de Westchester sans jamais être inquiété. Et ce, durant une dizaine d’années.
Le procès a en effet prouvé que, depuis 2010, alors qu’il venait de sortir de prison, l’homme avait emménagé dans la chambre d’étudiante de sa propre fille. Faisant figure de « protecteur », il a réussi à gagner la confiance de plusieurs étudiantes. Puis il les a progressivement éloignées de leurs familles en les convaincant qu’elles avaient été brisées et qu’elles avaient besoin d’être réparées. Il leur a alors proposé des « thérapies ». Puis l’emprise psychologique s’est resserrée à force de manipulations, privations, harcèlements, humiliations, menaces verbales et physiques. Le sexagénaire, devenu véritable « gourou », s’est également rendu coupable d’extorsion de fonds, parfois l’argent des parents de ses victimes qu’il a forcées à travailler et à se prostituer.
Aujourd’hui, des victimes se demandent encore comment un homme comme Lawrence Gray, déjà condamné, a pu ainsi s’introduire dans l’établissement et y vivre en violation des règles de l’école. Plusieurs signalements avaient été faits auprès des autorités de l’école par des étudiants s’étonnant de son âge, de son comportement inquiétant et de sa présence quotidienne sur le campus. En avril 2019, une enquête du New-York Times avait révélé qu’au moins un administrateur du Collège était au courant des méfaits commis par Lawrence Ray. Estimant que la direction de l’établissement a manqué à ses obligations de protection, deux plaignants veulent « réparation de leurs souffrances » et réclament aujourd’hui des dommages et intérêts, dont le montant n’a pas été spécifié.
(Sources: New-York Times, 07.12.2023 & Paris-Match, 21.12.2022)
- Etablissement d’enseignement supérieur en sciences humaines situé dans la banlieue nord huppée de New-York.