Des voleurs de vie

Une femme qui témoigne sous le pseudonyme de Sonia, a dénoncé les conséquences sur sa vie de l’adhésion de son mari à la secte Élan Vital. Séduit puis manipulé, il a tout sacrifié pour le mouvement jusqu’à la destruction de leur mariage.

Mariée depuis quatre ans, Sonia vivait avec son mari et leur fille, âgée d’un an. Au hasard d’une émission télévisée, son mari écouta avec beaucoup d’intérêt l’intervention d’Antonio Moraga sur les voyages astraux. Rapidement, il prit contact avec lui et assista à trois cours. Au terme de ces rencontres, il annonça à sa femme que sa vie allait changer. Il commença par arrêter de fumer, de consommer de l’alcool et de la viande. Il devait se purifier pour pouvoir commencer son voyage astral.

Puis vint la pratique de la méditation, des rêves éveillés, des séances de plus en plus longues et de plus en plus nombreuses. Plus il s’impliquait dans ces pratiques, plus il délaissait sa famille. Lorsque Sonia le dérangeait lors de ces séances, il lui disait qu’il pouvait mourir si elle l’interrompait en plein voyage astral.

Antonio Moraga le félicitait sur sa progression disant qu’il était temps qu’il participe aux réunions d’Elan Vital grâce auxquelles il allait encore s’améliorer. Il a commencé par visionner des vidéos. « Le bonheur ne dépend pas des circonstances, mais est à la portée de tout être humain par le fait d’être vivant », disait le leader d’Élan Vital. Ce type de phrase générait une forme de mystère qui aiguisait sa curiosité.

Lorsque les dirigeants ont estimé qu’il était fin prêt à recevoir « la connaissance », ils l’ont convié à des réunions destinées aux « élus », dont rien ne filtrait.

Sonia a réalisé que la situation devenait grave le jour où elle a eu besoin de son aide car leur fille était malade. Il était furieux d’avoir été dérangé et installa un verrou à la porte de la pièce réservée à ses pratiques.

Puis vint le jour où il lui expliqua qu’ils devaient se séparer. Cette décision lui avait été clairement ordonnée par les personnes avec qui il avait communiqué lors de ses voyages astraux : ses professeurs, sa grand-mère et d’autres « êtres de lumière » … Sa mission principale était aujourd’hui de transmettre « la connaissance ». Leurs routes devaient se séparer. Il lui expliqua que seuls quelques élus, dont lui, survivraient car la fin du monde était proche.

Sonia réalisa à ce moment précis que son mari faisait partie d’une secte, ce qui lui fut confirmé par les recherches d’un ami. La police ne pouvait rien faire. Son mari était majeur. Élan Vital était une association cultuelle.

Elle a su qu’il parcourait le monde, voyageant d’un centre Élan Vital à l’autre pour rencontrer son gourou, continuer à acquérir « la connaissance » et gravir les échelons de l’organisation.

Tout ce qui constituait son passé ne comptait plus. Il n’a jamais cessé d’aimer sa fille mais elle devait se contenter du temps qui lui restait. Suivant toujours l’exemple de ses maîtres, il devint maître reiki, « tout comme ses guides spirituels lui avaient dit. » Il convient de noter qu’Antonio Moraga, en plus d’être un représentant de la secte de Prem Rawat (nom du leader du d’Élan Vital), est un maître de reiki exceptionnel en Espagne.

Sonia retient de son expérience qu’il faut demander de l’aide le plus vite possible. Contrainte, elle a dû accepter qu’Élan Vital, Maharaji, la méditation, le voyage astral ou le reiki soient la nouvelle vie de son mari, une vie emplie de spiritualité new age qui n’a pas fait de lui une personne meilleure, qui l’a rendu égocentrique et narcissique et qui ne laisse pas de place aux autres. Sonia pense aujourd’hui que « les sectes peuvent changer de nom, se camoufler ou essayer de se cacher… comme des voleurs et des criminels qu’ils sont, sans aucun doute, des voleurs de vies. »

(Source : Porta Luz, 27.04.2020)

  • Auteur : Unadfi