D’anciens Témoins de Jéhovah ont exprimé leur soulagement après la publication des conclusions d’une enquête qui a révélé des « preuves crédibles » d’abus sexuels sur des enfants au sein de cette communauté religieuse. Les faits n’ont jamais été signalés aux autorités.
Le rapport final de la Commission royale d’enquête sur les abus dans les foyers d’accueil a mis en lumière la manière dont les pratiques et les politiques des Témoins de Jéhovah, en particulier la controversée « règle des deux témoins », ont contribué à créer un environnement propice aux abus. Cette règle exige qu’un péché soit confirmé par deux témoins pour être pris en compte par les anciens, rendant souvent impossible la reconnaissance des victimes.
Parmi les témoignages marquants figure celui de Victoria, une ancienne Témoin de Jéhovah, qui a enduré des décennies d’abus sexuels et physiques de la part de son père, un Ancien respecté de sa congrégation. Malgré ses tentatives pour dénoncer les abus vers ses 20 ans, elle n’a jamais été prise au sérieux en raison de l’absence d’un second témoin. Ce n’est qu’à l’âge de 70 ans, après avoir témoigné devant la Commission, qu’elle a enfin été entendue et crue. Elle salue aujourd’hui « la reconnaissance publique de son histoire ».
Le rapport de la Commission est accablant. Il détaille, sur 64 pages, l’étendue des abus au sein des Témoins de Jéhovah. Il dénonce non seulement les abus sexuels, mais aussi les pratiques inappropriées des anciens, qui « ont souvent interrogé les victimes de manière abusive sur le plan émotionnel et psychologique». Le rapport souligne également que « la mauvaise tenue des registres par les Témoins de Jéhovah et les obstacles culturels ont empêché ou retardé la divulgation des abus ».
Les Témoins de Jéhovah ont longtemps tenté de se soustraire à cet examen, allant jusqu’à contester en justice la légitimité de l’enquête concernant leur mouvement. Leur demande a été rejetée par la Cour d’appel, et les tentatives pour empêcher la publication du rapport ont également échoué. Malgré cela, dans un communiqué, la branche australienne des Témoins de Jéhovah a rejeté les conclusions, les qualifiant « d’injustes et d’inexactes », tout en réaffirmant leur « engagement envers la protection des enfants ».
D’anciens membres de la communauté, tels que Shayne Mechen, un ancien aîné devenu défenseur des survivants, considèrent pour sa part que le rapport reflète fidèlement les pratiques des Témoins de Jéhovah et espèrent qu’il conduira à des réformes. Il reste cependant sceptique quant à la possibilité que l’organe dirigeant des Témoins de Jéhovah présente des excuses publiques ou reconnaisse officiellement les abus commis.
Le rapport recommande également que toutes les institutions religieuses ayant la charge d’enfants adoptent des politiques rigoureuses pour signaler les abus sexuels sur mineurs.
(Source : Radio New Zealand, 27.07.2024)