170 personnes ont été arrêtées début septembre. Elles sont soupçonnées d’avoir torturé et abusé sexuellement des enfants hébergés dans des foyers en Malaisie. Ces sites sont gérés par le groupe GISB (Global Ikhwan Services and Business), connu pour ses liens avec l’ancienne secte Al-Arqam.
L’enquête, qui s’annonce d’ampleur, « ne fait que commencer » selon les autorités. Mais l’affaire secoue la Malaisie. 402 enfants, âgés d’un à 17 ans, ont été secourus par la police lors d’une vaste opération menée, ce 11 septembre 2024, dans 20 foyers situés dans les États de Selangor et de Negri Sembilan. 170 personnes, principalement des enseignants de religion islamique et des encadrants de ces foyers, ont été interpellées. Elles sont soupçonnées de maltraitances, voire d’actes de tortures. Des agressions sexuelles auraient été commises et certains enfants auraient été forcés d’en agresser d’autres, a indiqué la police malaisienne. Selon Husain Razarudin, l’inspecteur général, les enfants vivaient dans des conditions insalubres, certains ont été brûlés avec des cuillères chaudes et d’autres, malades, ont été privés de soins jusqu’à ce que leur état devienne critique. Ils étaient contraints de solliciter des dons sous couvert de charité islamique.
Depuis les perquisitions, les enfants sont hébergés dans un centre d’entraînement de la police à Kuala Lumpur où ils sont examinés un par un par des médecins. Ces consultations ont jusqu’à présent montré qu’au moins treize d’entre eux ont été victimes de violences sexuelles.
D’après la police, ces hébergements sont gérés par un groupe GISB. Ce dernier est depuis longtemps dans le collimateur des autorités pour ses liens avec la secte Al-Arqam, dissoute en 1994 après avoir été accusée de « dispenser une doctrine déviante et de représenter une menace pour l’ordre public ». En 2011, le GISB avait fait parler de lui avec la création controversée d’un « club des épouses obéissantes » qui appelait les femmes à être des « putains au lit » pour empêcher leurs maris de s’égarer.
Le GISB nie toute responsabilité dans la gestion des foyers, affirmant que ses activités « respectent les principes islamiques ». Le Premier ministre Anwar Ibrahim a ordonné une enquête approfondie. Six suspects clés ont été identifiés. Selon les autorités, ces enfants ne sont pas des orphelins mais « des enfants de membres du GISB placés dans ces foyers dans le cadre d’un endoctrinement ». L’Unicef a, pour sa part, exprimé sa consternation face aux abus subis par les enfants, appelant à une prise en charge médicale et psychologique sur le long terme.
(Sources : BenarNews, 11.09.2024 ; Le Parisien & Le Figaro, 13.09.2024)