Des ex adeptes des Témoins de Jéhovah à l’écoute de ceux qui veulent en sortir

Paul Grundy et Trish Karr, deux australiens, ont grandi au sein des Témoins de Jéhovah qui les ont infantilisés, effrayés et soumis jusqu’à l’âge adulte. En quittant le groupe, tous deux se sont retrouvés seuls, rejetés par leurs familles. Aujourd’hui, forts de leur propre expérience, ils aident d’autres Témoins de Jéhovah vulnérables à échapper aux griffes de l’église, qui compte 70 000 membres en Australie.

Trish Karr avait quarante ans lorsqu’elle a quitté le groupe. Mère de trois enfants, elle avait été mariée à l’âge de 17 ans et avait toujours vécu sobrement. Après la diffusion, en 2013, d’un documentaire racontant sa transformation de Témoin de Jéhovah en reine de la nuit de Sydney, sa boîte mail a été submergée de témoignages et de demandes d’aide. En sortant du groupe, Trish a ressenti une affinité naturelle avec la communauté LGBTQI, dont certains membres étaient comme elle rejetés par leur propre famille.

« Ma soeur, mon frère, ma mère et mes amis, que j’avais depuis 25 ans m’ont tous rejetée, quand je suis partie il y a 14 ans. J’en pleurais beaucoup en pensant que c’était de ma faute », « puis j’ai réalisé que j’avais besoin de nouveaux amis qui acceptent mon vrai moi. »

Paul Grundy, 50 ans, a quant à lui, créé deux sites internet pour aider les Témoins de Jéhovah désabusés à élaborer des stratégies pour en sortir : JW Facts et JW Support . Il se souvient à quel point la décision de partir est difficile et combien la vie hors du contrôle de l’Église est pénible au départ, car « on vous convainc que vous perdrez tout dehors ».

Lorsque Paul a fait part de ses premiers doutes, les anciens (exclusivement masculins) lui ont rendu visite et lui ont conseillé d’étudier, de prier et de rechercher davantage. Et c’est en recherchant assidument qu’il a trouvé des écrits contredisant ceux du groupe. A partir de ce moment-là, dit-il, « j’ai réalisé que je n’étais d’accord avec aucune de leurs absurdités d’extrême droite ».

À 35 ans, il savait qu’il était temps de partir. Mais il était terrifié à l’idée d’être ostracisé. « Les consignes quand vous partez sont conçues pour vous briser, c’est ce que veut la religion » explique-t-il. « Ils espèrent que vous toucherez le fond, puis reviendrez en rampant. » « Ils m’ont convaincu que je finirais par devenir toxicomane ou que je me tuerais dans le monde extérieur. »

Il a quand même quitté le groupe et comme prévu a été qualifié d’apostat et ostracisé. Paul n’était autorisé à parler aux gens de son ancienne vie qu’en cas de décès ou d’urgence. Son départ lui a aussi valu de perdre son emploi et suite à cela il a souffert de stress post-traumatique et a eu besoin d’une thérapie.

L’ironie, souligne-t-il, est qu’ils « vous traitent de cette manière terrible, mais prétendent qu’ils sont la seule religion aimante et morale. Ils vous persuadent que tout le monde en dehors de cette religion est immoral. »

Pour remonter la pente Paul a créé le site JW Facts sur lequel il dissipe les mythes jéhovistes et met en évidence les inexactitudes et les incohérences de leur doctrine. Lui qui pensait créer un outil confidentiel a rapidement reçu des milliers de connexions du monde entier et énormément de demandes d’aide. Devant le nombre très élevé de sollicitations, il a créé JW Support, qui aide spécifiquement les Témoins à se préparer à partir.

Hannah Lunnon, 27 ans, est l’une de celles qu’il a soutenues.

Elle a déménagé à Brisbane depuis New York pour échapper à l’église américaine des Témoins de Jéhovah. La jeune femme s’est toujours sentie isolée et ne pouvait se confier à personne, à tel point qu’elle a sombré dans la dépression. Les choses ont changé lorsqu’elle a connu son futur mari en jouant à des jeux en ligne. Elle a compris que « tous ceux qui vivent dans le monde extérieur ne sont pas malheureux, misérables, drogués ».

Avec l’aide de Paul elle a rejoint son futur époux en Australie. Le plus important conseil de Paul aux sortants de secte est de préparer leur système de soutien avant de partir, d’avoir quelqu’un à l’extérieur pour les soutenir.

« Les sortants potentiels doivent se rendre compte que d’autres ont fait cela ».

(Source : NEWS.com.au, 2021)

 

  • Auteur : Unadfi