Des anciens membres dénoncent des violences psychologiques et physiques

Les dirigeants de l’association Nouvelle Acropole (NA) présentent leur structure comme une école de philosophie. Derrière cette vitrine, des ex adeptes sortent du silence pour raconter les multiples violences vécues lors des tests d’entrée dans les « Forces Vives » du groupe.

Ce groupe formé en 1957 par l’argentin Jorge Angel Livraga et son épouse Ada Albrecht est présent aujourd’hui dans 54 pays. Le prêtre Manuel Guerra, auteur du Dictionnaire encyclopédique sur les sectes, décrivait l’association comme une « secte ésotérique, néopaïenne et paramilitaire, d’inspiration théosophique ».

Le groupe cherche à créer un « monde nouveau et meilleur » à l’aide de « forces vives », des brigades masculines et féminines. Dans cette secte, il existe également un « corps de sécurité » pouvant porter des armes et dont les activités de ses chefs doivent rester secrètes.

Daniella Scuadroni fait partie de celles et ceux qui ont mis des années avant d’arriver à raconter l’embrigadement dont ils ont été victimes. A 33 ans, elle affirme maintenant : « je n’étais pas Daniella, j’étais acropolitaine ».

Luis Santamaria, expert espagnol sur les questions sectaires, souligne aussi la double réalité de cette association culturelle. Pour lui, derrière le paravent philosophique, sont dissimulées des doctrines occultes. Les leaders du groupe, très élitistes, se perçoivent comme des « élus ». Ils souhaitent créer et diffuser à l’international un système politique et social aussi important que celui de la Grèce ou de la Rome antique. Le salut officiel du mouvement se fait en privé, « jamais en public ».  Les membres de l’association croient aussi en l’apparition d’une nouvelle race qu’ils nomment la « sixième sous-race », que nous sommes actuellement au Moyen-Age, que notre civilisation va s’effondrer et que seuls les acropolitains survivront. Aussi, ils obéissent à des règles sur l’alcool, la cigarette et la sexualité. Le végétarisme est préconisé.

Un ancien de la secte analyse le décalage entre le discours relatif à l’ouverture d’esprit et « l’idéologie de l’obéissance » enseignée. Après avoir découvert que le fondateur du groupe admirait Hitler, Franco et Mussolini, l’adepte repenti s’interroge : « comment ai-je pu découvrir tant d’années plus tard ce qu’il pense de la vie ? ».

Ana, autre ancienne membre de la NA, explique la « coercition psychologique » subie. Elle raconte ce temps où elle devait censurer la moindre douleur physique ou psychique. Pour lui apprendre à contrôler ses émotions, elle avait été déshabillée à la montagne, en plein hiver, avant d’être mise dans l’eau gelée d’un fleuve.

Ces témoignages mettent en lumière la honte et la dépression qui ont suivi ces épisodes traumatisants.

Quant aux dirigeants de la NA, ils nient les faits et refusent d’être assimilés à une secte.  

(Source : El Pais, 17.12.2022)

  • Auteur : Unadfi