Le mouvement baptisé BA Group, basé dans un quartier de Buenos Aires, est accusé de trafic d’êtres humains, d’abus sexuels, d’exercice illégal de la médecine, de vente irrégulière de médicaments et de vol aggravé.
Le groupe agissait principalement dans un immeuble du quartier de Villa Crespo à Buenos Aires, là où les forces de l’ordre ont retrouvé environ 66 personnes victimes de l’organisation. Le recrutement s’effectuait sous couvert d’une école de yoga basée dans l’immeuble du quartier, portant le nom d’Ecole de Yoga de Buenos Aires et fonctionnant depuis plus de 30 ans. Le fondateur du groupe, Juan Percowicz, est un notaire de 84 ans qui avait déjà eu des ennuis similaires avec la justice dans les années 90 mais avait fini par être innocenté. D’autres investigations ont eu lieu dans d’autres immeubles et ont permis l’arrestation de plus de 20 personnes.
L’école de yoga se vantait d’être une « école philosophique », promettant aux adeptes qui les rejoindraient un « développement du bonheur », et aussi de mettre fin « aux maux du sida et de la drogue ». Cependant la police fédérale argentine révèle que les victimes ont été dépossédées de leurs biens, soumises à la servitude et même utilisées pour proposer des relations sexuelles à des « gens de pouvoir ». En effet les femmes du groupe étaient soumises à la « Geishado » un terme pour designer la prostitution. En échange, elles obtenaient des points pour gravir les échelons au sein de la hiérarchie du groupe instituée par le leader.
En effet, le groupe était divisé selon une hiérarchie précise permettant d’évoluer et de pouvoir se réincarner. Au sommet de la pyramide au niveau 7, Juan Percowicz s’autoproclamé « Maître » ou « L’Ange ». Il est secondé par des « apôtres » qui occupent le niveau 6, des « génies » au niveau 5, les « étudiants » au niveau 4 et enfin les niveaux inférieurs sont laissés aux « humains ordinaires ». Au sein des grades les plus élevés, les membres avaient la charge des différentes entreprises liées au groupe et participaient activement aux ressources de l’organisation. Le groupe était organisé pour garder l’argent des adeptes qui donnaient des biens ou versaient des sommes pouvant aller jusqu’à 10 000 dollars par mois. Selon la police, cet argent entrait dans le circuit judiciaire par l’intermédiaire d’agents immobiliers et d’une étude de notaire en Argentine mais aussi de différentes fondations créées aux États-Unis générant flux constant de devises étrangères. Lors des perquisitions, les autorités ont pu mettre la main sur plus d’un million de dollars, des médailles en argent, une importante collection de VHS pornographiques, des sex-toys, les dossiers médicaux et titres de propriété des adeptes.
Le recrutement s’effectuait aussi par l’intermédiaire de leur clinique afin de recruter des gens à l’étranger. Ils proposaient une « cure de sommeil » à des personnes -principalement à des américains- et les amenaient drogués en Argentine puis les isolaient de leurs familles et utilisaient le chantage pour obtenir des avantages économiques. Cette cure devait leur permettre de guérir toutes sortes d’addictions et même le sida.
Parmi les « gens de pouvoir » on retrouve des personnalités de la finance et du spectacle, notamment le chanteur et chef d’orchestre espagnol Placido Domingo. Ce sont des enregistrements audios découverts lors de la perquisition qui ont permis de mettre en cause le chanteur. L’exploitation sexuelle des membres avaient lieu à travers une structure appelée VIP Geishado. Placido Domingo avait déjà été accusé de harcèlement sexuel il y a 3 ans par neuf femmes, aux Etats-Unis, et pour rappel deux de ses fils ont été membres de la Scientologie pendant de nombreuses années. Placido Domingo se défend en affirmant qu’il avait été abusé par le mouvement qui présentait des objectifs philanthropiques.
L’organisation semble aussi avoir rempli ses caisses grâce à des agences immobilières, un bureau de notaire leur appartenant, et des adhésions payantes pouvant aller jusqu’à 10 000 dollars par mois.
(Sources : perfil.com, 15.08.2022 &El Pais, 16.08.2022 & Radio Classique, 23.08.2022 & Le Figaro, 25.08.2022)