Radio Canada a réussi à se procurer des bulletins de salaires de membres de l’organisation. Ces derniers sont souvent sous payés sous prétexte d’être des « travailleurs religieux ».
Les bulletins de paye révèlent qu’un membre du personnel a été payé 70 dollars pour une semaine de 40 heures soit moins de 2 dollars l’heure alors que le salaire minimum au Québec est de 11.25 dollars. La Scientologie a refusé de répondre aux questions de Radio Canada. Dans un courriel elle assure que son personnel n’est pas employé mais participe volontairement aux activités du mouvement. Les membres travailleraient dans le but d’aider les autres et non pour gagner de l’argent. Ils seraient des « travailleurs religieux ». Les employés seraient en même temps bénévoles et salariés. La Scientologie rappelle que qu’en plus de leur salaire ils profitent de services spirituels et de cours de développement personnel.
Pour Dalia Gesualdi-Fecteau, spécialiste du droit du travail et professeure à l’Université de Québec à Montréal, le statut de « travailleur religieux » n’est pas reconnu au Québec. Les employés ne peuvent pas non plus être reconnus comme bénévoles étant donné qu’il y a des talons de fiches paye et des traces de prélèvements. Une personne n’étant pas considérée comme bénévole doit alors pouvoir bénéficier du salaire minimum. Dans le cas contraire c’est une infraction au droit du travail. De plus les services offerts par le mouvement ne constituent pas une alternative aux salaires.
L’organisation compterait environ 70 travailleurs au Québec et poursuivrait activement son recrutement pour faire face à l’augmentation du nombre de fidèles.
Pour les ex-adeptes, les employés sont payés selon des « unités » et non pas suivant le volume horaire. Les unités sont déterminées en fonction du rôle et de l’expérience de chacun et varient selon les profits de l’organisation. Jean-Paul Dubreuil, ex-scientologue, se rappelle qu’il était payé suivant les entrées d’argent de l’association et après qu’elle ait payé les factures et donné une part de ses profits à la direction centrale du mouvement. Il y voit un esclavage s’appuyant sur l’illusion qu’ont les adeptes de changer le monde.
À la suite de cet article, la ministre responsable du travail, Dominique Vivien, a déclenché une enquête auprès de la commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST). La Scientologie devrait être prochainement interrogée par cette commission.
(Sources : Radio-Canada, 13.06.2018 & 14.06.2018)