Diffusé en avant-première le 28 juillet dans le cadre de la série documentaire « Vice Versa » de Vice TV, le documentaire « Crusaders » réalisé par Aaron Kaufman, ancien Témoin de Jéhovah, plonge au cœur des croyances du groupe.
Le point de départ de son enquête est un article de Douglas Quenqua qui avait révélé, en 2019 dans The Atlantic, l’existence d’une base de données secrète recensant les noms de milliers de délinquants sexuels Témoins de Jéhovah. Cette base de données avait été créée en 1997 après l’envoi d’un questionnaire aux 10 000 congrégations Témoins de Jéhovah américaines pour leur demander de faire remonter au Collège central les noms des membres suspectés de pédophilie. L’Eglise aurait reçu de nombreuses réponses.
L’existence de cette base de données avait été révélée par deux ex adeptes qui avaient volé des documents au sein du siège local des Témoins de Jéhovah du Massachusetts. Ils en avaient publié une partie sur Reddit et en avaient envoyé une autre à Mark O’Donnel, un ex adepte devenu activiste sur internet
Ces trois protagonistes ainsi que de nombreux anciens adeptes ont été interrogés par Aaron Kaufman. Au-delà de démontrer comment l’organisation dissimule des faits graves pour préserver sa réputation, le réalisateur s’efforce surtout « d’examiner les systèmes de croyance et les mécanismes de contrôle utilisés par la religion pour manipuler et dominer ses adeptes ».
Il évoque un système basé sur la peur d’une apocalypse imminente à laquelle il n’est possible de survivre qu’en suivant à la lettre les directives dispensées par les douze membres du Collège central.
Le documentaire aborde également la problématique de la « règle des deux témoins » stipulant que la culpabilité d’un agresseur sexuel n’est prouvable que si deux témoins oculaires corroborent les faits. Cette règle tirée d’un verset biblique réduit, dans de nombreux cas, les accusations d’agression sexuelles à néant. Des vidéos filmées discrètement par une victime montrent comment un ancien lui a conseillé, à propos des agressions subies par lui et ses fils, d’apprendre à vivre avec et « d’essayer de ne pas en en parler, de ne pas y penser ».
D’après d’autres témoins, cette « pression pour se conformer et garder le silence était exigée non seulement par les responsables de l’église, mais aussi par les parents, les grands-parents, les amis et les collègues », sous peine d’exclusion. Tous sont tellement convaincus par la Watchtower qu’ils considèrent que rompre tout contact avec un membre qui ne se conforme pas Aux règles est perçu comme « un geste de miséricorde destiné à garantir leur salut éventuel ».
Finalement, d’après The Daily Beast qui a visionné le documentaire, « le principal portrait qui se dégage est celui d’une secte très structurée et extrêmement dangereuse. ».
(Source : The Daily Beast, 28.07.2021)