Comment lutter contre les agissements des « pasteurs miracle » ?

Les gouvernements africains réfléchissent aux moyens à mettre en place pour prévenir et mieux réprimer les pasteurs qui trompent et extorquent les Africains les plus vulnérables avec des promesses de miracles. Sans formation médicale, ils prétendent pouvoir diagnostiquer et guérir une maladie, affirmant pour la plupart avoir eu un contact direct avec Dieu.

Shepherd Bushiri, pasteur adulé du Malawi, a affirmé qu’il guérissait le sida, pouvait ramener les morts à la vie ou évoluer dans les airs. Le pasteur T.B. Joshua et le révérend Enoch Adeboye du Nigéria ont déclaré pouvoir guérir par la prière, connaître à l’avance les résultats d’élections ou de matchs de football… Paul Sanyangore, prophète zimbabwéen, prétend connaître le numéro de téléphone de Dieu. Un autre encore affirme avoir pris un « selfie » avec des anges, visité l’enfer et tué Satan.

Ces pasteurs ont recours à des mises en scène, des tours de passe-passe méticuleusement préparés. Ils organisent de fausses séances de guérison, des personnes de leur entourage jouant la comédie de la divine guérison. Ils extorquent de l’argent à leurs membres par des promesses d’argent en échange… d’argent. Au Niger, ce « miracle » s’appelle « semer une graine » : plus les adeptes donnent d’argent plus ils sont censés en recevoir (théologie de la prospérité), jusqu’à emprunter de l’argent voire à en subtiliser sur leur lieu de travail.

Les pasteurs vendent bien au delà de leur valeur marchande toute sorte d’objets prétendument bénis. Ils abusent et humilient leurs fidèles publiquement ou en privé, tout en prétendant prier pour eux. Certains leur ont fait boire de l’essence ou de l’eau de javel, d’autres les ont aspergés d’insecticide. Un autre encore a ordonné à des femmes de se déshabiller avant de marcher sur elles…

Plus grave encore, certains pasteurs ont provoqué la mort d’adeptes en leur demandant d’arrêter leur traitement. Beaucoup, attendant encore le miracle promis, meurent ou souffrent de maladies graves non traitées.

Devant ce phénomène préoccupant et difficilement maîtrisable, les gouvernements africains peinent à agir. Certains cependant sont décidés à enquêter et à fermer ces entreprises illégales qui alimentent la haine, la suspicion, la méfiance, la division et le conflit, montant les adeptes les uns contre les autres. Le Botswana semble plus décidé que ses voisins : il a fermé des églises en dénonçant leurs activités illégales et dangereuses.

.(Source : Modern Ghana, 14.02.2018)