Bataille judiciaire autour des fonds de l’Église

La cour d’appel de Washington s’est penchée, ce 11 février 2025, sur un différend complexe opposant la Fédération des familles pour la paix mondiale à Preston Moon, le fils du fondateur de l’Église de l’Unification. L’enjeu : trois milliards de dollars d’actifs et la question de l’ingérence des tribunaux dans les affaires religieuses.

La Fédération des familles accuse Preston Moon et son organisation, l’Église de l’Unification internationale (UCI), d’avoir détourné des fonds destinés à la mission de l’Église à des fins personnelles. Les avocats de la Fédération affirment que ces transactions violent les lois sur les organismes à but non lucratif. Preston Moon, lui, invoque le Premier Amendement et l’autonomie religieuse estimant que les juges ne sont pas compétents et n’ont pas à s’immiscer dans cette affaire.
Les juges se sont d’ailleurs montrés réticents à intervenir sur des questions ecclésiastiques et ont exprimé des doutes sur leur capacité « à trancher sans remettre en cause la doctrine de l’Église ». Le juge Joshua Deahl a estimé que la décision du tribunal ne pouvait porter que sur la nature des transactions et non sur la personne les ayant effectuées, soulignant qu’il n’y aurait pas de débats si le fondateur de l’Église avait fait la même chose.
Cette affaire, qui traîne en justice depuis 2011, a déjà été renvoyée en appel en 2022 pour examiner les accusations de fraude. L’UCI réclame aujourd’hui la clôture du dossier, estimant que l’affaire fragilise le mouvement religieux.
Des groupes de protection de l’enfance et de lutte contre les abus du clergé ont apporté leur soutien à la Fédération des familles. Ils mettent en garde contre l’impunité que pourrait offrir l’argument de l’autonomie religieuse : « Pendant trop longtemps, l’incapacité à statuer sur les plaintes où la religion était impliquée a permis à des acteurs malveillants de se mettre à l’abri des lois qui étaient pourtant conçues pour décourager leurs activités néfastes ».
Les juges doivent désormais décider s’ils approfondissent l’examen du dossier ou s’ils entérinent le principe de non-ingérence des tribunaux dans les affaires de foi. Le délibéré est très attendu.


(Source : Washington Times, 11.02.2025)

  • Auteur : Unadfi