Adleif ou le mythe du phénix

Robert Lé Dinh, condamné en appel en 2012 à dix ans de prison pour agressions sexuelles par la cour d’assise de Haute-Garonne, est sorti de prison en août 2016. Courant octobre 2018, son comité de soutien qui ne s’était plus manifesté depuis le procès, a annoncé la sortie d’un film documentaire sur la vie « et l’oeuvre » de son chef spirituel et distribué des livrets. Cette communication annonce-t-elle la reconstitution de son mouvement ADLEIF ?

Robert Lé Dinh a bénéficié de remises de peines liées à son état de santé. À sa sortie de prison, il aurait discrètement rejoint l’Ariège (département où était basée sa communauté depuis 2005) avant de s’installer finalement dans son Lot-et-Garonne natal. Selon des témoignages, son comité de soutien, composé de membres de sa famille et d’anciens adeptes, se réunirait régulièrement dans un café du centre-ville agenais. « En Ariège, c’est là où tout a fini, en Lot-et-Garonne, c’est là où tout a commencé. » explique Gérard Fodor, président de l’ADFI Midi-Pyrénées.

Robert Lé Dinh a de toutes évidences conservé des liens avec des associations censées être dissoutes comme « Travail dans l’amour du Christ », « Enseignement mystique chrétien » ou encore « Art Expression Promotion » qui s’est chargée de la réalisation du long métrage.

Selon Philippe Crouzet, président de l’ADFI Lot-et-Garonne, son retour était prévisible. Lors des audiences de son procès « ses amis étaient dans la salle et faisaient la claque. Plus qu’un comité de soutien, ils se comportaient comme de véritables groupies. On se doutait bien qu’ils continueraient de perpétuer la mémoire de Robert Lé Dinh » précise-t-il. La vigilance reste de mise : il est important de rappeler que cet individu « a été condamné pour des faits très graves ».
Robert Lé Dinh était accusé de viols aggravés, agressions sexuelles, notamment sur des mineures, et abus de faiblesse aggravé. L’enquête portait sur ses agissements en Lot-et-Garonne et en Ariège. Sept anciens fidèles ainsi que l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) s’étaient portés parties civiles. Les victimes dénonçaient également l’intrusion du chef spirituel dans leurs vies personnelles comme des mariages arrangés ou le choix des prénoms de leurs enfants.

Présent aux côtés des parties civiles lors de deux procès d’assises (Foix en 2010 et Toulouse en 2012), Gérard Fodor rappelle que les victimes « ont été agressées pendant vingt ans et on est venu leur dire qu’il n’y avait pas d’emprise mentale ». La dénégation des accusations de viols et d’abus de faiblesse resteront sans doute pour les parties civiles les plus difficiles à accepter.

(Source : La Dépêche, 26.10.2018 & Sud-Ouest, 27.10.2018)