Le fixisme est naturel : vive le créationnisme
Il est des observations quotidiennes qui, à nos yeux, ne souffrent aucune exception. Un couple de chats ne peut donner naissance qu’à une portée de chatons, les poissons rouges de mon aquarium se reproduisent en donnant naissance à des poissons rouges uniquement, le gland que je sème pousse en donnant un chêne , et les semences de blé lèvent en donnant du blé, rien d’autre.. En somme, animaux et végétaux se reproduisent en donnant naissance à des descendants qui appartiennent à la même espèce : de mémoire d’homme, les espèces sont immuables. Cette observation commune, banale peut-on dire, n’a jamais connu d’exception. C’est pourquoi elle s’est imposée depuis la nuit des temps comme une théorie naturelle que l’on a appelé le fixisme : les espèces sont fixes, ne changent pas. Par parenthèse, ce fixisme assure au naturaliste un confort intellectuel indéniable, dans la mesure où il peut décrire et nommer les espèces animales et végétales (avec un objectif avoué d’encyclopédisme, d’ailleurs) sans que son œuvre risque d’être remise en cause par un quelconque changement au sein des espèces décrites. C’est ainsi que le grand Linné, Carl von Linnaeus, était fixiste, comme l’a été, ensuite, Cuvier, grand anatomiste et paléontologue, au cours du 18è siècle.
Mais ce monde vivant fixe et immuable, quelle est son origine ? A moins d’imaginer qu’il a existé de toute éternité et qu’il n’a pas d’origine, ce qui est d’un inconfort intellectuel extrême