Depuis plusieurs années le succès du métier de coach ne se dément pas. Il attire de plus en plus de personnes en quête de sens qui espèrent aussi gagner en qualité de vie en devenant indépendantes grâce à cette reconversion professionnelle. Cependant, ce créneau professionnel risque d’être bientôt saturé car la tendance s’est nettement accentuée depuis la pandémie.
Les reconvertis dans le coaching sont souvent de jeunes cadres, majoritairement des femmes. Déçus du manque de reconnaissance du monde de l’entreprise, ayant connu des ruptures dans leur carrière, beaucoup y voient l’opportunité de mettre à profit leur expérience passée. Espérant apporter dans l’entreprise le bien-être qu’ils n’ont pas eux-mêmes connu, ils « veulent réinventer le monde de l’entreprise en permettant aux personnes d’être actrices de leur vie » explique la sociologue Scarlett Salman1. Cet « impératif sociétal à se réaliser soi-même » qui demande « aux personnes d’être aux commandes de leur propre changement a fait du coaching « un marqueur culturel fort des sociétés individualistes » souligne le professeur de sociologie Nicolas Marquis2. Mais au lieu d’aider les individus, cette vision du coaching peut avoir pour effet pervers de faire reposer sur les individus des problèmes structurels liés à une mauvaise organisation des entreprises.
Pourtant, selon une étude de l’International Coach Federation (ICF), le succès du coaching ne faiblit pas. Le nombre de coachs a augmenté de 33 % dans le monde entre 2015 et 2019. Rien que pour la France, l’ICF aurait accrédité 1 600 coachs, soit deux fois plus qu’il y a sept ans. Le Syndicat interprofessionnel des métiers de l’accompagnement, du coaching et de la supervision (Simacs) compte 5 000 adhérents.
Le coaching couvre des domaines variés allant du monde de l’entreprise au coaching de vie, aussi n’est-il pas facile de s’orienter dans cet univers hétéroclite qui flirte parfois avec la psychanalyse, voire l’ésotérisme lorsqu’il promet la « réparation de traumatismes enfouis, la disparition des pensées limitantes ou l’autonomie émotionnelle ». Dans son dernier rapport, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), note un triplement des saisines sur le coaching entre 2018 et 2020.
Cette profession non encadrée est accessible à tous via des formations parfois très courtes. Leur prix, allant de quelques centaines d’euros à plus de 20 000 euros l’année à HEC, ne dissuade pas les nouveaux postulants. Devant un tel engouement, les responsables du diplôme « Pratiques du coaching » de Paris-VIII (5 000 euros l’année), ont réduit le nombre de places afin de ne pas « sursaturer un marché qui l’est déjà ».
Si l’investissement de départ est élevé, sa rentabilité est loin d’être immédiate et bien souvent deux à trois ans de travail sont nécessaires avant d’arriver à en vivre. Aussi beaucoup de coachs cumulent plusieurs activités telles que consultants ou formateurs et bien souvent gagnent leur vie en formant des coachs qui formeront à leur tour d’autres coachs…
(Sources : Le Monde 24.03.2022 & Le Figaro Madame, 05.04.2022)
1. Scarlett Salman est l’autrice du livre « Aux bons soins du capitalisme. Le coaching en entreprise », Les Presses de Sciences Po, 2021.