Dix neuf ans de mariage et deux enfants. Michel vivait une existence « paisible » à Strasbourg jusqu’à ce que son épouse suive un stage de kinésiologie, financé en partie par son employeur.
C’était en 2006. Elle se rend régulièrement en Belgique suivre des « réunions de groupe ». Son mari constate progressivement des changements « troublants » chez elle et elle finira par lui dire qu’une thérapie lui aurait fait prendre conscience « que sa vie de famille ne lui ressemblait pas ».
Les reproches à l’égard de son mari et de ses enfants « iront crescendo » jusqu’au jour où, de retour d’une séance de thérapie [la thérapie en question est la kinésiologie basée ici « sur un exercice du toucher » censé « libérer les énergies »], elle déclare : « Être dans la même pièce que toi ou les enfants me révulse… ».
Elle dépensait alors 1.500 euros de frais mensuels dans ses séances de kinésiologie.
Le divorce « devenu inévitable » intervient en 2007. Les deux enfants sont placés en foyer d’accueil d’urgence où ils resteront près d’un an. Dépressif, Michel perd alors son emploi. Aujourd’hui il démarre « à peine » une nouvelle vie et tente de se reconstruire. Ses enfants âgés de 15 et 19 ans ont été en situation d’échec scolaire depuis les faits et ils « souffrent toujours ».
La présidente de l’ADFI Alsace, Irène Ekani, souligne qu’à une époque « où la santé est mal remboursée » et où l’on évoque beaucoup le bien-être, les pratiques non conventionnelles restent un créneau « porteur » et des personnes mal intentionnées l’ont bien compris.
Sous l’œil de l’Ordre des médecins
Les pratiques sectaires « ne sont pas rares » dans le domaine de la santé. La présidente du Conseil de l’Ordre des médecins du Bas-Rhin prévient qu’il convient de se méfier de certaines méthodes « qui utilisent des termes médicaux pour avoir l’air sérieuses ».
La présidente juge « possible » que des médecins aient des pratiques douteuses. Mais pour l’heure, la kinésiologie n’a fait l’objet d’aucun signalement. « Seule une personne est venue nous voir pour se plaindre du résultat obtenu au vu des sommes dépensées » indique-t-elle.
La seule « prise » que le Conseil de l’Ordre ait sur ces pratiques, est la preuve d’un exercice illégal de la médecine. « Encore faut-il pouvoir le démontrer ».
Source : Dernières Nouvelles d’Alsace, Benjamin Hay, 10.04.2012