Quand l’ex-patron de Weleda promeut les médecines alternatives  

Sous l’apparence d’initiatives locales et innovantes, Florian Petitjean, ex-président de Weleda France, tisse discrètement un réseau pour légitimer des pratiques ésotériques. Dernier projet en date : un centre thermal qui mêlera médecins et guérisseurs non reconnus scientifiquement.

Officiellement simple actionnaire minoritaire, l’entrepreneur Florian Petitjean pilote, en coulisses, le développement du centre thermal « intégratif » à Évaux-les-Bains, dans la Creuse. Selon l’avancée des travaux, il pourrait ouvrir d’ici un an. Ce qui fait grincer les dents de la communauté scientifique. Premièrement parce que Florian Petitjean est l’ex-patron de Weleda, société qui se réfère à des principes anthroposophiques, et ce n’est pas anodin. Deuxièmement, parce qu’en plus de bénéficier de vrais médecins, de kinésithérapeutes et de coachs sportifs, les clients pourront s’offrir les services de toutes sortes de guérisseurs aux rites et croyances non reconnus par la science, comme des énergéticiens, naturopathes et autres professeurs en méditation. Les scientifiques dénoncent « la légitimation de thérapies alternatives ».

Pour légitimer ce projet, le maire dit s’appuyer sur des études de faisabilité. Mais selon les journalistes qui ont pu se les procurer, ces études seraient biaisées et réalisées par des structures proches des intérêts de Florian Petitjean, comme Allié Santé. Et les montages financiers, loin d’être transparents, interpellent sur d’éventuels conflits d’intérêts.

Florian Petitjean ne se limite pas à Évaux-les-Bains, il multiplie les relais d’influence. Il a financé un documentaire intitulé Viens Voir, encensant la médecine intégrative, il siège au conseil scientifique de Health United, il anime des conférences en qualité de pharmacien où il vante les produits de sa marque Olisma et préconise « une approche intégrative », il a pris en main la revue Hegel, qu’il a réorientée pour promouvoir sans nuance les thérapies alternatives… Chaque initiative brouille un peu plus la frontière entre démarche scientifique et croyances non validées.

Le choix de Baptiste Vallé, anesthésiste aux croyances ésotériques affichées, pour coordonner le futur centre a suscité la colère d’une partie de la population locale.

Derrière les promesses de revitalisation économique et médicale, les risques de dérives sectaires et de pratiques charlatanesques semblent s’installer sous l’œil indulgent des élus… Et avec l’argent public ! (L’État a déjà investi 3,6 millions d’euros dans le projet) 

(Source : L’Express, 27.04.2025)

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  • Auteur : Unadfi