
Le recours à l’ostéopathie devient un rituel chez les jeunes parents, avec des motifs de consultation variés : difficultés d’allaitement, pleurs, troubles digestifs, problèmes posturaux, maux de ventre… L’Académie de médecine tire la sonnette d’alarme.
Le 3 décembre, l’Académie de médecine a publié un communiqué pour alerter sur les risques liés à l’ostéopathie pour bébés. L’instance pointe particulièrement deux courants d’ostéopathie : l’ostéo
pathie viscérale et l’ostéopathie crânienne. Elle s’inquiète de la promotion de cette PSNC au sein des maternités, alors que les séances peuvent être onéreuses et ne sont pas prises en charge par la Sécurité Sociale. Selon l’Académie, « les arguments employés, destinés à justifier ces pratiques, reposent sur des affirmations non ou trop peu étayées par des études conformes aux normes en vigueur et par des évaluations objectives et scientifiques de leur efficacité et leur sécurité ». L’Académie appelle donc à un meilleur encadrement de la formation et une plus grande surveillance des effets indésirables.
Le lendemain, le 4 décembre, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a également publié un communiqué visant à dénoncer la promotion de l’ostéopathie pour les nouveau-nés : « Depuis plusieurs années, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes dénonce les orientations, parfois systématiques, de nouveau-nés dans les établissements de santé vers des séances d’ostéopathie, alors même que ces pratiques n’ont jamais fait l’objet de preuves d’efficacité validées par la science ». Le CNOMK souligne également l’illégalité de certaines pratiques : la réglementation « impose aux ostéopathes de ne manipuler le crâne et le rachis des enfants de moins de six mois que si un diagnostic établi par un médecin atteste l’absence de contre-indication médicale à l’ostéopathie », ce qui n’est pas toujours appliqué.
Selon certains soignants et chercheurs, l’ostéopathie pour nourrissons serait au mieux inefficace, au pire dangereuse : elle pourrait retarder la prise en charge d’une pathologie. Le Dr Jean-Michel Pedespan, ancien neuropédiatre au CHU de Bordeaux, explique ainsi : « Nous avons vu arriver des nouveau-nés souffrant de torticolis, de paralysie cérébrale ou d’hypotonie à des stades trop tardifs. Ils avaient été pris en charge par des ostéopathes qui n’étaient pas en capacité de diagnostiquer ou de traiter ces pathologies ».
(Sources : Sud-Ouest, 04.12.2024, Le Figaro, 04.12.2024)