Les dangers des remèdes de la médecine traditionnelle chinoise

Courrier international a relayé un article du journal de Hong-Kong, Fenghuang Zhoukan, qui fait état d’études ayant mis en évidence la possible dangerosité des remèdes de la médecine traditionnelle chinoise. Il s’agit d’un problème de santé public ignoré.


Ce constat est fait par les médecins chinois : « la consommation à forte dose et sur une longue durée de certains remèdes traditionnels (…) peut entraîner des lésions mortelles ». Le professeur Xu Jianming, de l’université de médecine de l’Anhui, a mis en avant que sur 1 200 cas de lésions hépatiques d’origine médicamenteuse 20,6% étaient liés à la prise de substances pathogènes de la pharmacopée chinoise. Un autre article scientifique, publié en 2013 par l’hôpital Xinqiao de Chongqing, a observé que sur 24 111 lésions hépatiques médicamenteuses recensées entre 1994 et 2011, 18,6% s’expliquaient par l’absorption de remèdes d’herboristerie chinoise.

Les pouvoirs attribués à ces remèdes relèvent de la pensée magique. La pharmacopée traditionnelle chinoise a été établie de manière empirique et non sur la base d’études scientifiques rigoureuses. Dans la médecine traditionnelle chinoise, le potentiel thérapeutique dépend des caractéristiques de la plante : couleur, nature, saveur, teneur en humidité, forme, texture… Dans le cas d’une arthrite aggravée par l’humidité on traitera par le Hai Tong Pi qui pousse en bordure de mer et possède, selon cette logique, la propriété de disperser l’humidité et le froid.

Courrier international admet que des lésions hépatiques sévères peuvent également être provoquées par les médicaments mais ceux-ci contiennent peu de molécules actives, leur mode de production est contrôlée, la posologie adaptée. Il n’en est pas de même pour les remèdes de la médecine traditionnelle chinoise. Leur composition chimique complexe n’est jamais entièrement connue. Les études ont mis en évidence la présence de métaux lourds toxiques à des doses élevées : arsenic, plomb, mercure.

L’article de Courrier international s’étonne du fossé qui existe entre la réglementation tatillonne des produits pharmaceutiques et celle qui s’applique aux remèdes de la médecine traditionnelle chinoise. Les traditions millénaires ont-elles plus de valeur que les essais cliniques ? « Le succès des médecines ‘’parallèles’’ et les croyances à propos des vertus du ‘’naturel’’ devraient inquiéter le monde médical ». Cette médecine favorise de plus l’automédication susceptible d’aggraver le problème. 

(Source : Contrepoints, 01.12.2014)