Plusieurs facteurs expliqueraient le regain de popularité de ces pratiques.
Si la pandémie de Covid-19 semble avoir attisé la défiance du grand public vis-à-vis de la médecine conventionnelle, selon le chercheur Nicolas Pinsault, plusieurs autres raisons permettent d’expliquer l’essor des PSNC, à commencer par l’insatisfaction vis-à-vis du système de santé : « Les gens ont le sentiment que la relation soignant-soigné a été massacrée, que le système médico-économique pousse aux soins, et ils veulent un professionnel plus à l’écoute ». A cela s’ajoutent les promesses de guérison avancées par ces pratiques, en particulier pour des maladies graves, comme le cancer : « des pensées métaphysiques font rechercher de l’espoir quand même bien la médecine n’est pas assez compétente », explique cet expert des PSNC. Certains clients vantent le retour à la nature promis par certaines thérapies, en opposition avec BigPharma et l’industrie pharmaceutique.
La désertification médicale laisse également une place inespérée pour les PSNC : dans les campagnes, magnétiseurs et rebouteux en viennent à prendre le rôle des médecins désormais inaccessibles. Selon Claire Siret, présidente de l’ordre des médecins, les PSNC pénètrent parfois même dans les maisons de santé, pourtant supposées n’intégrer que des professionnels de santé. Dans une optique similaire, leur intégration dans les hôpitaux publics est désormais monnaie courante : un rapport de 2012 révélait que 15 de ces pratiques étaient proposées au sein de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Depuis la pandémie de Covid-19, l’offre de PSNC s’est considérablement élargie, en particulier via des consultations à distance. Certains thérapeutes proposent ainsi des séances de reiki au téléphone, parfois à plusieurs centaines de kilomètres du client. Les PSNC semblent de plus en plus accessibles : il est par exemple possible de réserver des consultations en visioconférence avec des pseudothérapeutes sur Doctolib.
De fait, les PSNC semblent répondre à certaines demandes du grand public, qui peut y trouver divers bénéfices : relaxation, réduction du stress, en plus des bénéfices liés à l’effet placebo, par exemple sur des douleurs. Toutefois, Nicolas Pinsault pointe une dérive possible : la pathologisation de symptômes ou sensations pourtant normales. « Certaines thérapies vont vous caractériser comme malade alors que vous ne l’êtes pas », explique le chercheur. Il souligne le manque de prévention auprès du grand public : « Beaucoup de monde pense que tout se vaut, car il n’y a pas assez de sensibilisation ».
Or ces pratiques ne sont pas sans risque : leur recours peut être associé à un retard de diagnostic, donc une perte de chance, en particulier pour des maladies graves. Certaines PSNC sont également associées à un risque de dérives sectaires. Dans Le Parisien, une ancienne cliente témoigne de son expérience avec un magnétiseur-énergéticien, qu’elle avait consulté pour mieux prendre soin d’elle. Selon cette femme, le praticien avait commencé à donner des explications fantasques à ses pathologies ; « ma colopathie avait pour origine des blessures familiales », relate-t-elle. Le praticien mobilisait ainsi des éléments de langage particulier, ne prétendant pas soigner, mais « déclencher l’autoguérison ».
(Sources : La Provence, 06.02.2024, Le Parisien, 12.02.2024)