Condamnation pour viol sur fond de conseil conjugal et bioénergie

A l’issue de six jours de procès, Thierry L., conseiller conjugal et bioénergéticien, a été condamné par la cour d’assise du Val d’Oise à cinq ans de prison pour viol, dont un avec sursis. La peine est assortie d’une mise à l’épreuve de trois ans, d’une interdiction d’entrer en relation avec ses victimes et d’une interdiction de pratiquer toute activité de thérapeute ou de masseur. Il a été également reconnu coupable d’abus de faiblesse et de travail dissimulé.

 Thierry L. avait profité de séances de bioénergie pour abuser de patientes, dont cinq se sont constituées parties civiles. Mis en examen en 2012, l’homme qui exerçait son activité depuis près de vingt ans dans la communauté catholique de Domont (95), recrutait par le bouche-à-oreille parmi les paroissiens.

Il recevait ses clients dans les locaux de son entreprise. Les consultations commençaient par une séance d’écoute qui pouvait durer une heure et demie et durant laquelle la personne parlait de son enfance et de ses rêves qu’il interprétait à l’aide de citations bibliques ou lacanienne. Mais au motif que le « corps est le reflet de leur état psychologique », il ajoutait au « soin » une séance de bioénergie au cours de laquelle les victimes racontent avoir été obligées de se dévêtir et d’accepter de faire « des exercices suspects » comme se mettre à quatre pattes ou s’assoir sur les genoux du praticien.

C’est au cours de ces séances que plusieurs d’entre elles ont subi des attouchements sexuels. Le rendez-vous se terminait par un débriefing pendant lequel, le praticien finissait d’assoir son emprise mentale en entretenant « une mésestime de soi ». Ainsi, il expliquait à l’une des victimes qu’elle était « une mauvaise mère et épouse, une hystérique. Mais encore du bon côté, il acceptait de la garder ». Tandis qu’une autre décrit une réduction des relations sociales qui « finissent par être limitées aux seuls autres adeptes ».

L’emprise était si forte que certaines l’ont fréquenté durant plusieurs années. L’une d’elles y a laissé plus de 12 000 euros en cinq ans.

A l’énoncé du verdict, les victimes se sont senties soulagées. Selon maître Picotin-Gueye, avocate de quatre parties civiles, «  a décision de culpabilité et la peine d’emprisonnement étaient importantes pour elles parce qu’elles ont vraiment vécu dans une prison mentale. L’audience leur a également permis de voir d’autres victimes, et de retrouver le même système, le même processus, la même exigence de rompre avec leur famille. » 

(Sources : Le Parisien 15.10.2019 & 22.10.2019)

  • Auteur : Unadfi