Dans Celui qui a raison guérit, Edzard Ernst repart au front. Professeur émérite, spécialiste de l’évaluation des médecines alternatives, fort de plus de 1 000 publications scientifiques, il démonte avec précision et clarté les croyances entourant l’homéopathie, la guérison spirituelle ou encore les fleurs de Bach.
Le titre, provocateur, est un clin d’œil ironique à l’un des arguments préférés des adeptes de soins non conventionnels : « Celui qui guérit a raison ». Énumérant les guérisons spontanées, les effets placébo ou encore les multiples traitements simultanés, le professeur britannique démontre que cette logique est une illusion. Pour lui, « rien ne prouve que le soulagement vient de la méthode utilisée ». Et surtout, « rien ne remplace les preuves scientifiques ».
Edzard Ernst retrace l’histoire et les impasses de nombreuses approches. Entre pseudoscience, raccourcis historiques (souvent attribués à tort à Hippocrate ou Paracelse) et argumentaires circulaires, il expose un système de croyances qui séduit à défaut de convaincre.
Mais cette fascination pour les médecines alternatives n’est pas seulement irrationnelle. Ernst pointe aussi les failles du système médical conventionnel. Consultations trop courtes, manque d’écoute, inégalités de traitement (notamment à l’égard des femmes) … Tout cela pousserait vers des pratiques perçues comme plus humaines. Et c’est là que le bât blesse. « Si la médecine fondée sur les preuves perd le contact avec les patients, ceux-ci chercheront du réconfort ailleurs, fût-ce au prix de l’efficacité », assure-t-il.
Loin d’être condescendant, Edzard Ernst adopte un ton pédagogique, ouvert mais ferme. Il ne condamne pas les patients, mais les idées fausses. Ce livre n’est pas une croisade contre la spiritualité, mais une ode à l’esprit critique. Et un appel à ne jamais confondre ce qui fait du bien avec ce qui soigne.
(Source : Der Standard, 29.07.2025)
(1) Celui qui a raison guérit, Edzard Ernst, sorti le 15 août, Éditions Alibris. Le livre publié en allemand n’est pas encore traduit à ce jour.
