
Les médecines alternatives séduisent certains patients par leur approche holistique. Les études, elles, pointent des risques significatifs lorsqu’elles sont utilisées en substitution de la médecine conventionnelle. L’option la plus sûre, selon les spécialistes, serait une intégration prudente des deux approches, sous supervision médicale.
En Suisse, environ 49 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Il reste la deuxième cause de mortalité dans le pays bien que des progrès significatifs soient à noter : 70 % des patients sont encore en vie cinq ans après le diagnostic, contre 35 % dans les années 1950.
La recherche scientifique propose des traitements de plus en plus ciblés. Mais les traitements restent lourds et les effets secondaires souvent pénibles. Certains patients préfèrent donc se tourner vers des thérapies dites « alternatives », du crudivorisme à la méditation en passant par la visualisation ou encore les injections de gui. L’émission Temps présent a enquêté sur ces choix parfois radicaux. Aija, professeure de yoga, a refusé une opération et une biopsie après son diagnostic de cancer du sein en 2010. Elle adopte un régime cru strict, coupe le sucre et médite. Quinze ans plus tard, elle affirme être guérie… sans avoir refait de tests médicaux !
Pour le Dr Marc Schlaeppi, oncologue à l’Hôpital cantonal de Saint-Gall et aussi fondateur du Centre de médecine alternative, une approche intégrative est préférable. Il se souvient d’une patiente, « adepte exclusive des thérapies alternatives, arrivée trop tard à l’hôpital, avec des métastases vertébrales ». Il insiste : « ces thérapies ne peuvent être que complémentaires et pas exclusives ».
Une étude dirigée par le Dr Skyler B. Johnson (Université de l’Utah) alerte sur les risques. Publiée dans le Journal of the National Cancer Institute, elle a analysé 815 patients atteints de cancers précoces (prostate, sein, poumon ou côlon). Parmi eux, 258 avaient choisi exclusivement des traitements alternatifs : leur risque de décès était 2,5 fois plus élevé. Pour le cancer du sein, il montait jusqu’à 5,6 fois plus. Le médecin met en garde contre les avalanches de fausses promesses et désinformations qui circulent, sur internet notamment : « les patients peuvent mettre leur vie en danger en remplaçant la médecine traditionnelle par des approches non validées ».
Mais il existe aussi des récits de rémissions inattendues. Nicoletta, atteinte d’un cancer du foie récidivant, a reçu des injections de gui après un pronostic pessimiste. Ses tumeurs ont fini par disparaître, contre toute attente. Le Dr Schlaeppi rappelle que ces guérisons spontanées, bien que réelles, sont rares et imprévisibles. Et l’oncologue tient à mettre en garde : « des milliers de patients reçoivent des injections de gui sans jamais connaître de rémission ».
(Source : RTS & TV5 Monde, 05.06.2025) A lire aussi sur le site de l’Unadfi : De l’eau de mer pour soigner le cancer : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/internet-et-theories-du-complot/de-leau-de-mer-pour-soigner-le-cancer/