Le cacao, une boisson sacralisée 

Longtemps associé à l’ayahuasca dans l’imaginaire des quêtes spirituelles occidentales, le cacao s’impose aujourd’hui comme une plante rituelle à part entière. Dans des cérémonies mêlant chants, danses et méditation, il est perçu non pas comme une simple boisson, mais comme un « esprit » porteur de sagesse et d’énergie du cœur.

La chercheuse Maneli Farahmand, spécialiste des pratiques néo-spirituelles, observe que le cacao séduit par son accessibilité. Il est légal en Europe, à la différence de l’ayahuasca, et ses effets seraient plus doux que ceux des substances psychotropes. Ses adeptes vantent sa capacité à intensifier l’expressivité corporelle, à créer des atmosphères chamaniques et à favoriser l’introspection. Si certains y voient une simple boisson réconfortante, d’autres affirment entrer en résonance avec une « force spirituelle ».

Le succès des cérémonies au cacao doit beaucoup à Keith Wilson, surnommé le « Chocolate Shaman ». Il a popularisé, dès les années 2000, l’usage d’un cacao dit « cérémoniel ». Aujourd’hui, un marché international prospère. Des marques comme Keith’s Cacao ou Ora revendiquent une approche éco-spirituelle… Non sans critiques d’appropriation culturelle.

Mais la filiation entre ces rituels contemporains et les traditions précolombiennes reste complexe. Si le cacao occupe une place centrale dans la cosmologie maya (monnaie, offrande funéraire, symbole de fertilité), il n’existe pas de continuité directe avec les cérémonies occidentales actuelles. Au Guatemala, certains mouvements mayas justifient une réactualisation spirituelle du cacao au nom d’une logique identitaire.

Dans les milieux néo-spirituels, le cacao se combine volontiers avec d’autres pratiques comme le yoga, l’ecstatic dance, des cercles de femmes ou encore des méditations tantriques. Plus qu’un rite autonome, il agit souvent comme amplificateur sensoriel et émotionnel. Les cérémonies oscillent ainsi entre promesse d’authenticité et logiques consuméristes, entre quête intime et dynamique communautaire. 

(Source : Religioscope, 14.08.2025)

  • Auteur : Unadfi