La majorité des opposants au vaccin anti-Covid-19 ne se disent pas anti-vaccins mais inquiets de ses potentiels effets à long terme. Leur discours, qui pourrait paraître plus modéré que celui des antivax « classiques », semble pourtant dans la continuité de ce dernier.
Ainsi la géographe Lucie Guimier relève que la carte de la défiance vaccinale actuelle est quasiment similaire à celle connue historiquement, les poches de résistance étant plus fortes dans le Sud-Est de la France où réside une forte population votant écologiste ou Rassemblement National, « deux spectres politiques historiquement pourvoyeurs d’antivax en France » selon la chercheuse.
Les arguments des opposants au vaccin anti-Covid-19 sont très similaires à ceux des antivax classiques : le vaccin provoquerait la mort immédiate de la personne vaccinée ou causerait des effets à long terme, l’immunité naturelle suffirait à combattre le virus et le lobby pharmaceutique serait à l’œuvre. La peur du manque de recul n’est pas nouvelle, ce fut le premier argument avancé en 1796 contre Jenner, découvreur de la variole. De même que l’insistance sur les accidents vaccinaux se retrouve déjà au XIXe siècle.
Autre rhétorique utilisée par les deux courants anti-vaccin, celle de la science qui est rejetée lorsqu’elle ne va pas dans leur sens.
Mais si les deux ont des arguments similaires, la population réfractaire au vaccin contre la Covid est beaucoup plus large et ne s’est pas seulement construite sur la peur de l’inconnu. Elle a également été influencée par les discours complotistes en vogue depuis le début de la pandémie. Si bien que certains développent des arguments jusqu’à présent inédits comme ceux relatifs à la 5G ou au magnétisme des vaccins. Pour Romy Sauvayre, sociologue des croyances, « comme toutes les croyances, les théories antivaccins mutent, elles s’adaptent à notre quotidien, comme les rumeurs ».
(Source : Le Monde, 18.09.2021)