Dans un article d’El Périodico, des membres d’associations étudiant les mouvements sectaires, des psychologues et des ex-adeptes mettent en garde contre la diffusion de messages apocalyptiques ou charlatanesques sur Internet. Profitant de l’épidémie de Covid-19, ces messages émanant de gourous ou de charlatans visent à récupérer d’anciens fidèles, consolider les croyances des adeptes mais aussi attirer de nouveaux membres.
(Cet article est issu du Hors-série des Actualités de l’Unadfi // Spécial Covid-19 paru le 31 mars 2020. Consulter le dossier complet : https://www.unadfi.org/aide-aux-victimes/demander-de-laide/actualites-communiques/hors-serie-actualites-de-lunadfi-special-covid-19/ )
L’article revient notamment sur un message diffusé sur le site officiel des Témoins de Jéhovah : « Comme la Bible l’a prophétisé, les épidémies sont une caractéristique des derniers jours ». Même discours du côté des mormons qui dans plusieurs articles publiés sur le site de leur église interprètent la pandémie comme « un avant-goût de ce qui va arriver », affirmant que « ce qui semblait être une utopie peut se réaliser rapidement et que notre rédemption est vraiment proche ». Joint par El Périodico, le président de l’église mormone espagnole a reconnu que certains de leurs membres tendent vers le sensationnalisme mais qu’il ne s’agit pas de la position officielle du mouvement.
Relayé sur Internet et les réseaux sociaux par différents groupes sectaires, ce genre de message leur permet de pénétrer dans les foyers alors que la population est confinée depuis la décision gouvernementale du 14 mars 2020. Les personnes fragilisées par une situation qui parait actuellement leur échapper peuvent être amenées à rechercher des réponses sur Internet. Luis Santamaria, membre de la Red Iberoamericana de Estudio de las Sectas (RIES) rappelle que la peur est une arme puissante pour les groupes prédisant la fin du monde. La pandémie actuelle favorise la diffusion de leur argumentaire apocalyptique. Ils profitent de la particulière vulnérabilité des personnes dans la crise mondiale actuelle, se présentant alors comme l’arche de Noé, comme des sauveurs. Le spécialiste affirme que l’anxiété générée par la crise sanitaire est une porte ouverte à un autoritarisme extrême réduisant les libertés individuelles au nom de l’ordre général.
A l’instar de ces groupes, des entreprises vendant de l’ayahuasca, en recommandent la prise ; d’autres proposent des « remèdes naturels » pour se protéger et augmenter son immunité face au coronavirus. Certains messages prétendent même que le kambo1 favoriserait la guérison.
De son côté José Miguel Cuevas, psychologue s’occupant de victimes de sectes, met en garde contre l’éventuelle attitude de certains sortants de secte face à une crise comme celle du Covid-19. Les ex-adeptes pourraient en effet regretter leur choix et penser que la doctrine de leur ancien mouvement était en fait bien réelle. Le psychologue effectue un parallèle avec les attentats du 11 septembre et l’annonce de l’apocalypse en 2012 qui ont renforcé la croyance des adeptes et attiré de nouveaux membres.
(Source : El Périodico, 20.03.2020)
- Le kambo est un poison secrété par la peau d’une grenouille vivant dans les hautes altitudes d’Amazonie.