Les thérapies de conversion remises à l’ordre du jour 

Les thérapies de conversion, prétendus traitements censés changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, pourraient faire leur retour en force aux États-Unis. La Cour suprême, à majorité conservatrice, a accepté d’examiner le recours d’une psychologue du Colorado, Kaley Chiles, qui conteste la loi interdisant ces pratiques dans son État.

Kaley Chiles, formée dans un séminaire évangélique, affirme vouloir « aider les mineurs à atteindre leurs objectifs personnels ». Elle estime ainsi que « ne pas pouvoir leur proposer une thérapie de conversion constitue une atteinte à la liberté d’expression ». En réalité, elle demande la suspension d’une loi de 2019 qui empêche les thérapeutes de « réduire » les attirances homosexuelles ou de « modifier » l’expression de genre des jeunes patients.

Derrière cette affaire individuelle se cache une offensive bien orchestrée. Soutenue par l’Alliance Defending Freedom (ADF), une puissante organisation chrétienne qui multiplie les recours contre les droits LGBTQ+, Kaley Chiles pourrait, avec l’appui de la Cour suprême, faire sauter les verrous législatifs mis en place dans vingt-cinq États. Les conséquences seraient considérables. Selon le média Axios, ces interdictions protègent aujourd’hui les mineurs dans près de la moitié du pays. Une décision en faveur de Kaley Chiles créerait un précédent national. Les thérapies de conversion redeviendraient légales à grande échelle.

Les experts tirent la sonnette d’alarme. L’ONU qualifie ces pratiques de « cruelles, inhumaines et dégradantes ». L’Association américaine de psychologie les décrit comme inefficaces et dangereuses, sources de dépression et de troubles psychiques. Mais ces arguments médicaux semblent peser peu face à une Cour suprême désormais acquise aux conservateurs.

« Il n’y a pas grand-chose à attendre en matière de protection des personnes LGBTQ+ », estime Hugo Bouvard, enseignant-chercheur à l’université Paris-Cité. Pour lui, la dynamique actuelle rappelle les reculs déjà observés sur l’avortement ou les droits des personnes trans, frappées par des interdictions de soins ou des lois imposant l’usage des toilettes selon le sexe de naissance. « Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, cette offensive idéologique a gagné en ampleur », explique-t-il. « L’administration républicaine a effacé les personnes trans des sites officiels, restreint leur accès à l’armée, et soutient ouvertement les initiatives anti-LGBTQ+ ».  

(Source : Huffington Post, 07.10.2025)

A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Des thérapies de conversion toujours pratiquées : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/pratiques-hygienistes-et-traditionnelles/des-therapies-de-conversion-toujours-pratiquees/

  • Auteur : Unadfi