
Face à la recrudescence de comportements sectaires et d’extrémisme religieux, les autorités de plusieurs pays d’Afrique de l’Est tirent la sonnette d’alarme.
En 2024, le Rwanda a fermé plus de 100 églises troglodytes après des signalements inquiétants : des fidèles y vivaient reclus, sous emprise et dans des conditions dangereuses.
Au Kenya, l’horreur a éclaté en 2023 avec le scandale de la secte apocalyptique dirigée par Paul Mackenzie, impliquée dans la mort de centaines de fidèles, y compris des enfants, morts de famine volontaire.
La même année, en Ouganda, 80 adeptes expulsés d’Éthiopie ont survécu à un jeûne forcé de 40 jours, censé les conduire à une rencontre mystique avec Jésus.
En Tanzanie, des pratiques controversées font également débat. Une vidéo virale, diffusée en 2018, montrait la prophétesse Olivia, de l’église Repohim à Dar es Salaam, en pleine séance de « délivrance » théâtrale, alimentant les soupçons de manipulations spirituelles mises en scène.
Ces dérives posent une question cruciale : qui protège les fidèles lorsque les lieux de culte deviennent des espaces d’exploitation et de contrôle ? Pour y répondre, le révérend Nathan Chiroma, directeur de l’Africa College of Theology à Kigali, rappelle les fondamentaux d’une foi chrétienne saine. Selon lui, une Église véritable se reconnaît à un enseignement centré sur Jésus-Christ, une interprétation rigoureuse et humble des Écritures, des fruits spirituels visibles (amour, patience, maîtrise de soi), et un leadership fondé sur le service et non la domination.
Il met en garde contre certains signaux d’alarme : exaltation d’un leader comme figure divine, isolement des membres, contrôle des décisions personnelles, usage de la culpabilité ou de la peur, manipulation des Écritures, et rejet de toute critique externe.
Nathan Chiroma appelle les pasteurs à l’humilité et à la redevabilité, citant Paul : « Veille sur ta conduite et sur ton enseignement ». Il plaide pour une Église capable de former, encadrer et protéger ses membres, spirituellement mais aussi économiquement, face à la prolifération de groupes toxiques.
(Source : The New Times, 24.05.2025)
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