On parle désormais d’elle comme d’un gourou. Kat Torres, ancienne mannequin brésilienne et influenceuse sur les réseaux sociaux, a été condamnée à huit ans de prison pour trafic d’être humain. Ses victimes devaient travailler gratuitement et se livrer à des prestations sexuelles tarifées à son profit.
Profitant de son image de « self-made woman », Kat Torres attirait ses victimes avec des promesses de réussite et de bien-être. Mais une fois sous son aile, ces femmes étaient contraintes de travailler gratuitement et de se prostituer.
Tout a commencé en 2019, quand Ana, une victime de violences conjugales, accepte de devenir assistante de Torres à New York. Elle se réfugie chez elle. L’appartement de l’influenceuse est loin de l’image glamour qu’elle diffuse sur les réseaux sociaux. Elle découvre « du désordre et de la saleté ». Et surtout, elle n’est pas rémunérée. Elle doit dormir sur un canapé souillé. Comprenant qu’elle est exploitée, Ana s’enfuit au bout de trois mois.
Fin du calvaire pour elle. Mais pas pour d’autres femmes. En 2022, Kat Torres, mariée et installée au Texas, forme un « clan de sorcières ». Elle recrute trois femmes pour vivre avec elle. Elle fait venir Desirrê et Letícia du Brésil en leur payant leur billet d’avion. La troisième, sans abri, est recrutée dans la rue. Les femmes n’ont pas le droit de parler entre elles. Elles doivent demander la permission pour aller aux toilettes. Contraintes à la prostitution et au strip-tease, elles doivent remettre tous leurs gains à Kat Torres, qui les menace de « malédictions et de représailles ». Portées disparues dans leur pays, les deux premières victimes sont recherchées par le FBI.
L’affaire éclate grâce à Ana, qui contacte les autorités. Les victimes sont retrouvées en novembre 2022. Les signes de maltraitance et de dépendance sont évidents, confirmant l’emprise de Kat Torres. Un mois plus tard, elles sont autorisées à regagner le Brésil. Kat Torres, elle, fait face à une vingtaine d’accusations similaires. La plupart des victimes font aujourd’hui l’objet d’un suivi psychiatrique.
(Source : Libération, 15.07.2024)
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